Aujourd’hui, ce fut mon jour de repos. La guerre continuait malgré tout, et j’attendais sa fin. Je n’aurai jamais pensé qu’elle durerait autant. L’Alliance Shinobi faisait tourner les effectifs présentent pour les missions afin de pouvoir les reposer de temps en temps. C’était un acte stratégique bien réfléchi, car avec moins de ninjas fatigués, il y aurait moins d’erreur et certainement une meilleure opportunité pour gagner la guerre.
J’étais resté de toute façon sur Kiri, au cas où que l’on aurait besoin de moi en dernière mesure. J’avais décidé de profiter de la journée pour parcourir le village. Les habitants de celui-ci qui n’étaient pas shinobis œuvraient selon le besoin. La plupart continuait leur commerce afin d’assurer la continuité de leurs activités, d’autres, comme les artisans, avaient été convié à utiliser leur savoir-faire à l’avantage de l’alliance. Moyennant une rémunération plus que correcte, à mon avis.

La météo, assez ensoleillé, et l’activité du village laisseraient penser que la guerre n’eut pas lieu. Mais j’avais remarqué qu’une partie d’entre eux semblaient pas très à l’aise et se dépêchaient dans la rue au lieu de profiter de la belle journée. Je passai par un petit restaurant pour grignoter un petit encas, avant de repartir vers l’entrée du village pour discuter avec les gardes. Mais le spectacle qui s’offrait, ou du moins la petite scène visible près de la sortie du village, captiva mon attention. Je me rapprochai alors, afin de savoir ce qui se passait. Et dès que je fus assez près pour pouvoir entendre ce qui se disait, je compris que le jeune homme aux cheveux blanc présent cherchait à sortir du village. Mais apparemment, il était genin, ce qui empêchait le garde d’accepter la requête. J’approchai alors.

Bonjour messieurs. Excusez-moi, que se passe-t-il ici ?

Je remarquai que le jeune homme était loin d’être très jeune – il devait presque avoir mon âge - et faisait une taille plus que correcte. Je fus cependant surpris par sa peau assez blanche… généralement, cela signifiait que la personne ne sortait que peu. Mais au vu de ses habits, j’avais du mal à y croire. C’était peut-être une spécificité de son clan… Et je vis aussi son katana. Il maitrisait certainement le kenjutsu. Cela me faisait penser à Hisato… D’ailleurs, je n’avais encore eu aucune nouvelle de lui depuis le début de la guerre.

Bonjour Morichi-san. Inutile de vous déranger, ce jeune homme s’obstine à vouloir sortir alors qu’il n’en a pas le droit, en ces temps-ci.
Hmmm, s’il s’obstine autant, c’est qu’il a une bonne raison. Je vais l’accompagner, laissez-le sortir.
Sauf votre respect, vous êtes seul… C’est un genin, vous risquez beaucoup trop à sortir.

Il avait réagi presque promptement, et cela m’avait presque ennuyé. J’allais cependant quand même essayer d’insister, cela n’aurait aucune conséquence. J’avais confiance en mes capacités pour protéger quelqu’un, j’avais déjà fais pas mal de missions d’escortes – principalement avec une vieille ronchonne qui se croyait supérieur mais fuyait dès qu’elle se retrouvait seule contre d’autres personnes.

Si vous vous en souvenez bien, je suis le bras droit du Kazekage, ainsi que chef des forces spéciales de Suna. L’escorter ne posera pas de problème, je suis prêt à le défendre au moindre danger.
Mais…
Je vous promets qu’il reviendra indemne. Cela vous va-t-il ?

Le garde hésitait, c’était certain. Mais quand la requête venait d’un plus haut placé, c’était une autre histoire. Il réfléchissait pendant une bonne minute à coup de « Ah… » et de « Euh… », mais fini par lâcher prise et d’accepter. Il reprit alors sa place.

Bien, voilà. Je m’appelle Morichi Maku, je viens de Suna. Je peux savoir qui tu es précisément ?

C’était certain que je n’allais pas m’ennuyer du coup. Mais malgré ce qui pourrait se passer, cela me faisait plaisir d’aider. Malgré ce qui pourrait me faire perdre mon sourire dehors, je le gardai pour le moment.

Six heures du matin, je me lève hâtivement et m'habille dans un silence royal, il est temps de partir d'ici pour quelques heures ou peut-être jours, tout dépendra de la tournure des évènements. Voilà quelques temps que je n'ai pas été sollicité pour accomplir une mission, je pense que l'attitude de Mère envers les gradés du village a fait mauvaise impression la dernière fois. Bref, je dois m'éloigner de cet endroit où je sens mon espace vital se restreindre jour après jour, je suis censé me battre pour me voir attribuer la place de chef de clan une fois Chûnin et âgé de plus de vingt ans, tout cela est bien sûr très important pour moi cependant...Je ne me sens pas très à l'aise à leurs côtés, parfois je me demande même si je ne devrais pas fuir le pays avec Mère, après tout...Nous avons tous deux perdus les êtres à qui nous tenions le plus. Je soupire et me passe un jet d'eau fraîche sur le visage, je dois être le premier levé à cette heure-ci après les festivités de la veille.

Je dois me dépêcher, il faut que je m'en aille tant que la brume est encore épaisse pour que personne ne voit dans quelle direction je me dirige si on me repère malgré ma discrétion. Je m'empare du peu d'argent que j'ai pu économiser ces derniers mois ainsi que de mon sabre que j'accroche sur mon flanc gauche à l'aide d'une ceinture. Mon arsenal de mission déjà préparé sur mon bureau, je ne perds pas une seconde et sors de mes quartiers en toute discrétion. J'atteins rapidement la sortie du domaine du clan, je jette un dernier coup d'oeil derrière moi, rien ne me manquera ici le temps de mon absence, c'est définitif. Descendre la colline étant devenu une habitude pour moi, je ne mis pas longtemps à me rendre à l'embarcation qui me permettra de quitter l'archipel, ça fait bizarre quand personne ne vous attend, je souris tristement...Le chemin dans lequel je m'engage m'enverra forcément sur le chemin de la solitude alors autant m'habituer dès maintenant.


Le voyage s'est déroulé sans encombres à priori, après deux heures de navigation j'arrive enfin sur les quais marchands du village caché de la brume. J'aurais bien aimé me rendre ailleurs qu'ici avec mon bateau mais avec les dangers qui courent c'est impossible, n'importe quel îlot est surveillé si on exclue naturellement l'archipel où mon clan loge. Je sais que les doyens ont insisté auprès de la sécurité pour ne pas avoir des soldats postés aux alentours sous prétexte que nous disposons de suffisamment d'hommes pour nous défendre en cas d'attaque. Ce n'est pas plus mal remarque, sans ça je n'aurais pas pu me permettre une petite escapade aujourd'hui. Bon, je décide de prendre un petit-déjeuner dans un petit salon de thé que je connais bien maintenant, ensuite il faudra que je force le passage auprès des gardes.

Après avoir signé une permission au propriétaire du port pour laisser mon embarcation ici jusqu'à ce soir, je me rends enfin au coeur du village où les activités commerciales sont florissantes même si la guerre est présente. Parfois quand je regarde tout ce monde qui se rue de bonne heure sur les étalages, je me demande si les Shinobis ne pourraient pas faire de même au lieu de s'inventer une guerre, tout serait si...simple. Je médite à ce sujet alors que j'entame un paquet de biscuit sec servi avec le thé que j'ai commandé puis je regarde autour de moi, il n'y a que des civils et je ne peux m'empêcher de me sentir seul avec mon bandeau frontal fièrement attaché à l'endroit prévu pour ça. Avant de partir, je salue brièvement la propriétaire du salon et la rémunère comme il se doit, je dois désormais essayer de convaincre les gardes...J'espère qu'ils ne seront pas aussi têtus qu'on le dit.

Tranquillement, je marche en faisant mine de me promener jusqu'à mon arrivée sur les quais Ouest du village où attendent des gardes et des soldats prêts à partir. J'ignore où est-ce qu'il vont mais je vais essayer de me glisser dans discrètement dans leur groupe puis fuir une fois arrivé sur les lieux. Je fais donc la queue patiemment comme tous les gens qui m'entourent mais arrivé au moment où je suis censé embarquer, l'un des gardes de l'alliance Shinobi - un Ninja de Kumo d'après le teint halé qu'il possède - pose brutalement sa main sur mon épaule. Sans me retourner, je marque une pause et attend qu'il m'adresse la parole bien que je sache que je suis en tort. Voyant son manque de réactivité, je place ma main sur la sienne afin de dégager cette dernière. Il me regarde avec un air surpris avant de reprendre son expression habituelle, il a encore plus l'air sot avec ça.

« Hé...C'est quoi ton nom ?!
- Kazuko....Kazuko du clan Ryuuseigun, lui dis-je d'un ton froid alors qu'il fouille dans un bloc de paperasse,vous me laissez passer maintenant ?
- Je crains que ce soit impossible mec...D'après les instructions reçues tu n'es pas inscrit sur la liste et...
- On s'en balance de la liste non ? Tu as la possibilité d'envoyer un soldat de plus au front alors tais-toi et accepte une opportunité de rendre la victoire plus facile pour l'alliance Shinobi. N'est-ce pas ce que tu veux ? Rentrer chez toi, revoir les tiens et mettre un terme à ce stupide conflit ? »

Il ne me répond pas, je prends ça comme une autorisation à embarquer cependant les complications ne font que commencer. J'ai à peine une jambe dans le bateau et déjà un inspecteur situé sur le ponton m'interpelle, je me mords la lèvre inférieure...Lui vient de Kiri et sera nettement moins tendre et laxiste que l'autre tas de muscle. Je suis contraint de sortir et de dévoiler mon identité au garde qui éclate de rire au moment où il découvre qui je suis. Je reste de marbre face à cette situation plus qu'exaspérante et me contente de remettre une mèche rebelle de mes cheveux blancs comme la neige à sa place. Les négociations commencent, je n'aime pas me faire traiter ainsi mais on dirait bien que niveau caractère de cochon, j'ai trouvé mon égal.

« Tu n'es qu'un Genin ! Et tu espères pouvoir t'en sortir sur le champ de bataille alors que tu n'as effectué que trois missions de rang D ? Tu crois que ça coûte combien à l'Etat de te soigner, au mieux, ou de t'offrir des funérailles, au pire, dignes de ce nom ?
- Vos préjugés vous pouvez vous les garder, ils ne m'intéressent guère.
- Ecoute, fais pas ton malin avec moi...Les Ryuuseigun on sait qu'ils pètent tous plus haut que leur c*l et visiblement la nouvelle génération est pire que l'ancienne.
- Je vous interdit d'insulter Mère, Izue-chan et Saitou-san. »

Le débat s'achève enfin après près d'une heure de répliques plus cassantes les unes que les autres, je pensais lui avoir enfin cloué le bec mais visiblement ce n'est pas ma dernière parole qui l'a fait taire. L'arrivée d'un homme à la crinière rouge sur les quais l'a rendu plus mielleux qu'il ne l'a jamais été avec quiconque. Je ne sais pas qui est ce type mais il a l'air d'avoir de l'influence, je laisse échapper un "Hmpf" alors que je place mes mains dans les poches et commence à tourner en rond, lassé d'attendre. Il est presque neuf heures est demi désormais, l'entièreté du clan doit être réveillé et les plus attentifs ont pu remarquer mon absence dans le domaine étant donné que je suis loin d'être ce qu'on appelle couramment un "lève-tard". Plusieurs minutes passent et la conversation animée entre les gardes et le nouvel arrivant prend fin, ce dernier s'approche maintenant de moi, que me veut-il ? Je ne le sais pas encore.

Apparemment il vient vers moi avec de bonnes intentions, voilà quelques temps que je n'ai pas vu d'homme aussi bienveillants que lui autour de moi, ça fait plaisir de voir que l'humanité n'est pas perdue au bout du compte. Il se présente une fois qu'il me fait face...Un type de Suna hein ? Hm, ça doit être le fameux ambassadeur dont tout le monde a parlé hier au repas de famille. Mais bref ce n'est pas mon intention de lui poser des questions, je réfléchis alors à ce que je pourrais dire sur moi sans trop dévoiler de choses d'un coup tout comme il l'a fait. J'opte pour une présentation simple, lui rendant ainsi la pareille tandis que mon interlocuteur me souris, chose rare pour un Ninja de rang appréciable :

« Kazuko Ryuuseigun, originaire d'un archipel bordant Kiri Gakure No Satô. »

Rien de plus ni de moins, je me contente de garder cette expression oscillant entre la froideur et l'impassibilité en espérant qu'il ne le prenne pas trop mal. Depuis que j'ai rencontré Shintô j'ai appris à devenir plus humain ou du moins à essayer de comprendre les autres sans pour autant m'exposer aux yeux de tous. Je sens qu'il ne me veut rien de mal, Izue m'assure que je suis en sécurité avec cet homme...Il ne me reste plus qu'à la croire et à le suivre, qui sait, peut-être m'emmènera-t-il dans un endroit au-delà de mes espérances.

Ce jour de repos allait tourner court finalement. Une scène assez conflictuelle d’apparence entre un jeune homme et un garde au niveau du quai de Kiri m’avait interpelé, et la détermination du jeune homme à sortir m’avait convaincu à l’aider, et j’avais fait jouer mon influence et ma position sur le coup. Le garde était buté – une bonne chose, un garde déterminé ne peut qu’être positif – et cela m’avait un peu ennuyé, mais il avait finalement accepté. J’étais peut-être fou à accepter de protéger un genin là où des ninjas ennemis risquaient d’être, en cette période, mais je pensais être capable de le faire.

J’accompagnais le jeune homme au niveau du quai, et je lui avais demandé son nom par la même occasion. Il me répondit et le donna : Kazuko Ryuuseigun, et il était bien originaire de Kiri, ou du moins de ses alentours. Logique, il ne peut y avoir que des genins de Kiri ici, mais sait-on jamais. Mais celui-ci restait impassible et je ne pouvais pas lui en vouloir. J’étais arrivé sans crier gare, et Kazuko ne pouvait me connaitre. Comment faire confiance à un étranger en si peu de temps ? Provenant d’un clan nomade commerçant, je ne pouvais que comprendre. Le bateau parti peu après, et je fini par lui dire mes quelques instructions.

« Je suis chargé de ta sécurité, désormais. Et je n’ai aucune idée d’où tu veux aller. Alors je ne vais te demander qu’une seule chose : suivre mes consignes à la lettre. Je ne pourrais être certain que tu ne sois pas blessé gravement qu’ainsi. »

Je regardai de biais son arme, avant de reprendre un air sérieux, celui que j’affichais quand je réfléchissais. J’avais besoin de réfléchir à un plan d’attaque au cas où nous serions accrochés par l’ennemi. Mais comme d’habitude, j’avais besoin de savoir comment le jeune homme combattait pour y songer sérieusement. Et mieux vaut le plus tôt possible.

« A ton sabre je penche au fait que tu combats d’une façon assez offensive. Mais j’ai besoin d’en être sûr. Donc quelques questions : comment combats-tu et possèdes-tu une affinité élémentaire ? Ce sont les éléments que j’ai besoin de savoir pour préparer une contre-offensive, au cas où. Et si ça ne te dérange pas, on fera un petit combat d’entrainement dès que nous serons arrivés. D’ac ? »

Je n’avais pas tourné mon visage d’un millimètre, mais mon œil droit, tourné vers lui, le fixait sans ciller. Je voulais voir comment il allait réagir. Du moins s’il réagissait, il semblait impassible depuis le départ, et si ça se trouve il allait le rester. Ce simple détail pouvait jouer sur comment j’allais considérer mes approches contre l’ennemi en cas d’attaque.

Je me demande pourquoi cet étranger fait preuve de tant de bonté envers moi, c'est vrai...Je n'ai jamais connu quelqu'un qui me prête autant d'attention sans me connaître. Malgré tout, je ne laisse transparaître aucune émotion sur mon visage blafard éclairé par les quelques rayons de soleil parvenant à percer la brume matinale. Il m'emmène un peu plus loin, au bord du quai où nous embarquons vers une destination inconnue, tant mieux, ça m'arrange presque de ne pas savoir où je mets les pieds, sortir de cette stupide routine me fera le plus grand bien, j'en suis convaincu. Durant les cinq minutes qui suivent, je ne lui adresse pas la parole une seule fois...C'est lui le chef après tout, je suis un soldat et je dois me taire si je ne reçois pas d'ordres, c'est ce que m'a toujours appris Père. Au bout d'un moment, il finit par venir vers moi, je le fixe dans sourciller, un bras ballant et l'autre posé sur le manche de mon sabre.

Des instructions, c'est donc pour ça qu'il est venu à moi, pense-t-il que je ne connais pas les règles de sécurité lors de telles missions uniquement parce que je suis un aspirant ? Si c'est le cas, il se trompe bien sur mon compte car je connais toutes les règles du code Shinobi par coeur, c'est l'apprentissage de base lorsqu'on entre dans l'enfance au sein du clan Ryuuseigun. Suivre ses consignes à la lettre pour ne pas que je me blesse, ce type n'est visiblement pas exigeant voire même laxiste. J'aimerais lui répondre mais aucun son ne parvient à sortir de ma bouche, je me contente alors de simplement hocher positivement la tête avant de replonger mon regard bleu azur vers l'horizon, j'ai tant l'impression de m'en rapprocher et pourtant je sais que jamais je ne pourrai le toucher.

A peine les instructions données, voilà que mon chef revient à la charge avec une série de question, j'ai du mal à suivre tant il parle vite...Je me demande s'il sait se détendre de temps en temps ce gars. Il a tenté d'analyser mon style de combat en fonction de mes accessoires et de ma posture, maintenant il veut connaître mes affinités. J'hésite un peu à lui répondre honnêtement, si un jour Suna et Kiri se trouvent en guerre je me sentirais coupable d'avoir donné des informations à l'ennemi jadis. Mais qui me dit que je serai encore en vie si ce triste jour arrive ? Je m'avoue vaincu et lui dit tout ce qu'il veut savoir sur moi sans pour autant lui donner des détails en plus, le lien entre les astres et le clan Ryuuseigun, peu de personnes y croient de toute manière et c'est tant mieux je trouve.

« Je ne suis pas un spécialiste du Kenjutsu, loin de là d'ailleurs donc ne vous attendez pas à voir combattre un épéiste de la brume boss'. Concernant mon style de combat, je suis assez direct c'est vrai...Après tout, mon affinité Raïton m'y oblige un peu, je reprends mon souffle le temps qu'il me pose une dernière question, Et un combat d'entraînement ? Pourquoi pas, il y a longtemps que je ne me suis plus vraiment battu. »

Un sourire vide s'installe sur mon visage, le geste y est mais je n'éprouve aucune sensation à l'égard de cette nouvelle. Tant de choses ont changé ces derniers temps que je me demande si j'ai encore ma place dans ce monde, c'est triste de penser ainsi mais sans Izue je n'aurais guère le courage de vivre et la force d'affronter chaque lendemain. Avant, me battre pour prouver ma valeur et mon existence me motivait plus que n'importe quoi, aujourd'hui je n'ai aucun plaisir à le faire, j'ai l'impression que le combat est une chose que je suis contraint de faire. Je jette un oeil furtif sur les côtés tandis que mon maître semble analyser les informations pour savoir ce qu'il pourra bien faire de moi une fois arrivé sur les lieux. Ne supportant pas de rester longtemps dans la même position sans être utile à quiconque, je décide d'aller chercher de l'eau à l'avant du bateau.

A mon passage, tout le monde me regarde comme si j'étais un sous-fifre, ils croient peut-être que je ne sais pas me battre parce que je ne suis qu'un Genin. Je les ignore en gardant la tête haute, on verra bien qui reviendra entier de cette bataille bien qu'elle ne soit que de rang C ou B à priori. Et puis ce n'est pas tout, ce n'est pas comme si j'étais seul...Je regarde rapidement le Ninja de Suna, il est avec moi et j'ignore pourquoi, j'ai le sentiment que je peux lui faire confiance, il ne me laissera pas tomber. Après avoir bu, je reviens sur mes pas avec beaucoup plus d'assurance qu'à l'allée, je rejoins mon chef sur le pont avant de déclarer d'un ton vif malgré mon visage impassible :

« Boss' je crois qu'on y est...Bienvenue dans les Monts Brumeux du territoire de la brume. »

Si le brouillard s'est dissipé au village, ici il n'est rien de tout ça ! Nous ne sommes même pas encore arrivés à destination mais je sens déjà mes vêtements coller sur ma peau, heureusement que je ne porte qu'une chemise en coton assez légère. Boss' est-il déjà venu sur ces terres ? Je ne le sais pas encore et je ne suis visiblement pas prêt de le savoir. La main gauche posée sur mon katana, je cramponne mes doigts sur le manche, toutes ces forêts grouillent d'ennemis...Je crois bien que c'est mon jour de chance pour m'illustrer, je n'aurai sans doute pas l'occasion de le faire dans un futur proche alors autant prouver à la Mizukage et à tous les autres vieillards que la nouvelle génération est forte. Nous approchons de la rive, derrière nous les soldats commencent à s'agiter, tous vérifient une dernière fois leur arsenal de mission...Moi dans ma pochette, je n'ai qu'un seul kunaï, une dizaine de shurikens et de fioles de sang...Nos ennemis nous craindrons, n'est-ce pas Izue ?

Durant le voyage sur le bateau vers une destination inconnue, j’avais demandé à Kazuko son genre de combat ainsi que ses affinités. Des données essentielles pour toute stratégie avancée, ce genre de chose que je faisais tout le temps en combat. Je n’étais pas le meilleur, mais à force de combattre qu’avec des ninjutsus de défense ou de soutien, j’avais développé une certaine habitude à utiliser ma tête pour trouver une bonne tactique afin de me défaire de l’adversaire.
Je fus cependant assez surpris de sa réponse. Il n’utilisait pas son sabre autant que je l’aurai pensé. Et il maitrisait l’élément foudre, le Raïton donc. C’était un bon avantage. J’avais déjà appris à réaliser des techniques coopératives avec le Raïton et mon Doton quand je combattais ou m’entrainais avec Hisato, au moins je savais déjà faire avec. Et enfin, il accepta l’entrainement. Tant mieux, je pensais, car ainsi je saurai bien mieux comment il combattait.

Bientôt arrivé à destination, je restai figé en regardant les environs. Le brouillard… Une forêt dense et immense… Aucun doute, me voilà revenu aux Monts Brumeux. De tristes souvenirs revenaient à la surface, ceux de mon examen chuunin, il y a de ça… Quelques mois, certainement. J’avais complètement perdu la notion du temps depuis le début de la guerre. Les jours passaient et se ressemblaient, cela ne m’étonnait donc pas. Mais peu importe le temps, le début de la guerre avait commencé peu loin d’ici, au lac Uoki. Je me rappelais du cercle de flammes noires, des illusions prenant l’apparence de mes amis et mes proches, et qui m’abaissaient, du Raikage, de sa décision que seul Yue ou moi sortions vivons, mais de sa rétractation afin de nous laisser la vie sauve… Rien que pour cela, je voulais sauver Kumo. Ou du moins aider. Mais en repensant à ses souvenirs, la colère remontait en moi. Je serrai fortement mon poing même si c’était au point de me faire mal. L’Akatsuki le payera, un jour ou l’autre.

« Boss' je crois qu'on y est...Bienvenue dans les Monts Brumeux du territoire de la brume. »
« Ouais, je connais. C’est le bon genre de lieu pour traquer des ennemis. Va falloir redoubler de vigilance. »

Dans le bateau, les personnes s’agitaient, mais je ne regardai pas pourquoi. Je restai à regarder les Monts. Jusqu’à ce que le bateau arriva sur les lieux. A ce moment-là, je descendis tranquillement sur la terre ferme, rejoignant Kazuko. Je lui dis alors qu’il fallait trouver un coin un peu plus à l’écart. Nous nous enfonçâmes dans le forêt, puis je l’arrêta un peu plus loin. J’avais préféré ne pas trop m’éloigner du rivage, simplement au cas où.

« Bon, ça m’a l’air pas mal… Kuchiyose no Bikou Neko ! »

Rapidement, j’avais lancé mon sort d’invocation et Atoichi était apparu après un petit nuage de fumée. Dû à mes diverses missions ces derniers temps, je l’avais appelé à de nombreuses surprises. Ainsi, je lui avais promis ce jour de repos, le même jour de mon propre repos, c’est-à-dire aujourd’hui. Ainsi donc, son accueil pas très chaleureux ne me surpris guère.

« Je croyais que c’était repos aujourd’hui ! »
« Ouais, désolé, il y a eu un changement de plan. Je t’avais prévenu pourtant, je crois. »
« Hmpf. Et tu attends quoi de moi, maintenant ? »
« J’ai besoin que tu surveilles les environs. Si tu détectes un ennemi, préviens-nous de suite, d’accord ? »
« Hey, je suis pas un chat sensorielle ! »
« Non, mais tu peux détecter quand même les chakras différents des nôtres, non ? »

Il prit un instant pour réfléchir à une possible excuse, mais il finit par soupirer et acquiesça avant de partir en hauteur dans les arbres. Atoichi avait toujours un mauvais caractère, mais je son franc parlé le rendait sympathique quand même. Puis je fis quelques pas avant de me retourner vers le jeune homme que j’accompagnais. Sans hésiter, je pris un kunaï en main et me mis en garde.

« Bien, allons-y. Ne te ménage pas, je veux voir ce que tu es capable. »

Nous voilà arrivés à destination, le Ninja de Suna et moi-même sur le pont descendons en premier sur la terre ferme tandis que les autres se préparent à peine à sortir. Nous attendons quelques minutes, le temps que le bateau reparte, à ce moment là les autres soldats commencèrent à former des groupes de quatre ou cinq avant de se projeter dans le décor obscur des monts brumeux, quant à nous, nous restons toujours sur la rive. Autrefois, j'aurais sans doute éprouvé une certaine frustration d'être mis à l'écart mais je dois admettre que cette situation me convient, je ne compte pas m'exposer trop au danger car je n'ai pas envie de mourir, avant cela j'ai encore des choses à accomplir. Hmpf, voilà que je recommence à réfléchir de trop ! Par ennui, je dégaine mon sabre et effectue quelques mouvements de base avec ce dernier tandis que Maku se décide enfin à rejoindre la forêt humide. Le chemin est déjà tracé par les équipes précédentes cependant après seulement deux-cent mètres plus ou moins, nous nous arrêtons déjà.

Je ne suis pas surpris car je n'ai pas oublié ce qu'il a l'intention de faire, un combat d'entraînement avant de passer aux choses sérieuses. C'est donc sans grande surprise que je replace mon katana dans son fourreau, l'échauffement des poignets est terminé. Après avoir examiné rapidement le terrain, il compose quelques mûdras et fait apparaître un chat, ce garçon est donc lié par un pacte d'invocation...Je devrais faire plus attention, il se pourrait qu'il en invoque un autre durant le duel. Ma main gauche se crispe soudainement, l'excitation commence à monter. Je sais que le combat sera "loyal", le Shinobi qui me fait face n'a pas l'air d'être trop fourbe alors je n'ai pas peur...D'ailleurs quand ai-je eu peur la dernière fois dans ma vie ? Après avoir discuté avec le chat, le jeune homme finit par se redresser et croiser mon regard froid voire inexpressif alors que son compagnon va se placer dans l'arbre dans le but de monter la garde j'imagine. Un kunaï à la main, une garde basique et quelques derniers mots, le combat est lancé !

« Ne t'inquiète pas pour moi, commençons ! »

Etant donné que je suis théoriquement le plus faible ici, il aurait été préférable qu'il attaque en premier pour que je vois comment il combat d'autant plus que je ne suis pas informé sur ses affinités. Je me mords la lèvre inférieure, tout est visiblement à ma défaveur dans cet affrontement, je dois quand même essayer de tenir le coup afin de sauver l'honneur de mon village et...de mon clan. Je ravale ces derniers mots et lance l'offensive, je n'ai pas le choix et je commence donc par lancer deux shurikens de manière à ce que leur trajectoire forme une ellipse. J'imagine qu'il n'a aucune difficulté à les éviter ou à les contrer, je ne regarde donc même pas où ils atterrissent et m'élance vers lui, mon sabre à la main. Nos deux armes s'entrechoquent, j'effectue un saut sur le tronc d'un arbre en marchant à la verticale, je prends de la vitesse à chacun de mes pas. Arrivé sur une branche assez solide pour me soutenir, j'effectue un mouvement aléatoire pour me retrouver accroupi sur cette dernière, il faut que je localise le chef.

Silencieusement, je me faufile dans l'ombre d'un arbre et compose le signe du tigre. Deux clones apparaissent, en plus de m'aider à retrouver ma cible ils vont pouvoir semer le trouble durant quelques instants dans l'esprit de Maku. Pendant que mes copies se lancent à la poursuite du Ninja de Suna, je pose quatre kunaïs explosifs lié à des fils transparents, si mon adversaire pénètre dans cette zone je serai automatiquement alerté. Je regarde une dernière fois autour de moi pour voir si on ne m'a pas repéré, personne à priori. Je refais alors le signe du tigre et ferme les yeux, un clone a été éliminé, l'autre je ne sais pas...Je secoue la tête et me rend dans la zone de combat initiale, je n'ai plus qu'à attendre. Tous mes sens sont en alerte, l'ouïe en premier, ma main est cramponnée sur le manche de mon katana, prêt à parer la moindre attaque.

« Je ne perdrai pas aussi facilement que tu ne le crois ! »

Je me retourne brusquement, un kunaï à la main, il n'y a rien...je suis peut-être un peu paranoïaque mais j'ai crû entendre quelque chose bouger ici. Haletant, je replace sur moi un pan de mon kimono alors que mes yeux surveillent toujours les alentours avec vigilance. Peut-être que c'était ce foutu chat...Eh mais qui me dit qu'il n'est pas de mèche avec le type ? Qu'il lui indique toutes mes positions ? L'humidité commence à se poser sur ma peau, il est temps que le Suna-jin' vienne à moi, je commence à avoir froid...

HRPG : Si le post' ne te convient pas, n'hésite pas à me le dire si tu préférerais un combat direct.

Avec Atoichi présent pour surveiller les alentours, mes occupations ici pouvaient prendre désormais toute mon attention. Pisteur, mais anciennement messager, j’avais confiance en son odorat pour me signaler un chakra approchant et sa vitesse pour me prévenir très rapidement, voire même furtivement. Un peu ronchon mais efficace dans son travail, je l’avais beaucoup apprécié dès le premier jour. Je me rappelai le jour où j’avais conclu ce pacte avec la vieille Kasumi. Son appétit m’avait fait sourire ce jour-là.

Mais cessons de rêvasser du passé, ce n’était pas le moment. J’avais indiqué à Kazuko de ne pas y aller mollo, afin de voir son vrai niveau. C’était un genin, et il maitrisait le Raiton, donc je n’avais rien à craindre tant que je ne sous-estimais pas le jeune homme. Puis je m’étais mis en garde, prêt à voir ce qu’aller envoyer le Kirijin.

« Ne t'inquiète pas pour moi, commençons ! »

J’eus un sourire, tant mieux. J’étais certain qu’il arriverait à apprendre au moins certaines choses du combat d’entrainement qui allait désormais commencer, ou du moins pouvoir affiner sa technique. J’avais simplement une seule chose en tête : faire attention à ma réserve de chakra, car je n’avais encore aucune technique Fuuton qui en demandait peu.

Le premier coup du genin fut un lancé de shurikens… Maitrisant une trajectoire absolument pas rectiligne, j’avais vite compris le but. Une diversion. En effet, le jeune homme avait lui aussi chargé. Pas mal comme premier coup. Je fis un salto avant, puis repris vite mes appuis pour bloquer sa lame. Puis il reparti en grimpant sur un arbre. Qu’allait-il tenter ? Bonne question, mais je préférais ne prendre aucun risque et je reculai de quelques pas en arrière.

Je n’eus pas beaucoup de temps de réflexion, car un instant plus tard, deux Kazuko m’attaquaient. Des clones ? Ou l’un d’entre eux était l’original ? Impossible de savoir, je préférais jouer la sûreté. Ou du moins je l’aurais voulu. Un peu trop rapide, je n’eus pas le temps de faire ce que je voulais. Je pris la retraite avec un nouvelle esquive, et je profitai ensuite de ma fuite, poursuivi par les deux clones, pour composer les mudras qu’il me fallait. Puis je pris appui sur un arbre pour me propulser vers les deux clones au moment où je fis le dernier signe. Prononçant le nom de ma technique Fuusajin, le dôme de vent toucha les deux clones… ou du moins j’aurai aimé en dire autant. En se sacrifiant, l’un des clones avait permis à l’autre Kazuko d’esquiver de justesse la technique. Voilà l’un des points faibles de cette technique, quand on n’utilise pas d’armes pour la créer : son rayon d’action qui est bien réduit. En tout cas, c’était ingénieux de sa part.

Debout horizontalement sur le tronc de l’arbre sur lequel je m’étais réceptionné, je regardai le jeune homme. Celui-ci était reparti à l’attaque, et je dû reprendre un kunai en main pour parer les attaques létales du Kirijin. Je savais comment faire quand l’adversaire utilisait une lame, mes longues heures d’entrainement avec Hisato m’avait permis de savoir me défendre face à un tel style de combat. J’attendis alors le bon coup afin de dévier l’attaque avec mon kunai, et en profitai pour pivoter et d’enchainer deux coups : le premier, un poing que le jeune homme para de justesse avec son bras, puis un coup de pied qu’il ne pu esquiver. Kazuko fut abattu contre un arbre, et disparu dans un nuage de fumée. C’était donc un clone aussi.

« Il a envoyé ses clones… il doit préparer quelque chose et doit m’attendre… » pensais-je tout haut.

J’eus un sourire. Cela sentait le piège. Mais j’allais m’y jeter quand même dedans, voir ce que le jeune homme avait préparé. Je reparti donc vers notre position d’origine, mais je fus accosté furtivement par Atoichi qui me donna deux chiffres : 5 et 5. J’eus un nouveau sourire. Je pris trois shurikens dans ma sacoche, puis attendis un peu. Et sans crier gare, je me retournai, envoyant les trois shurikens en donnant une trajectoire incurvée, puis me posant sur un arbre avant d’utiliser instantanément le Shunshin no Jutsu. Grâce aux nombres donnés par le Bikou Neko, j’avais la position d’un ninja inconnu. Un système de code qui se basait sur deux horloges, l’une verticale, l’autre horizontale. Surpris, le ninja avait su esquiver les shurikens, mais il s’était retrouvé face à moi : en un quart de seconde, j’avais vu son bandeau frontal. C’était un ninja ennemi, et il en fut qu’un instant pour que mon kunai s’enfonce dans son ventre. Touché à un point vital, le ninja s’effondra par terre, remua les lèvres sans qu’un seul son sorti, puis mourut.

« Il était seul… Un ninja éclaireur ? Ce n’est pas bon… »

Je chargeai Atoichi de retrouver Kazuko et de le prévenir afin qu’il me rejoigne après de l’avoir remercié de m’avoir averti pour le ninja. Il parti alors sur le champ, tandis que je restai près du cadavre. Le temps que le jeune homme revint, j’avais trouvé un bon plan. C’était trop dangereux de simplement partir, il valait mieux s’en occuper, il y avait moins de risque que des ninjas ennemis nous recherche. Je fis apparaitre un clone de terre, avant de dire au Kirijin :

« On va devoir interrompre notre séance d’entrainement. On va avoir de la visite. J’ai besoin de toi : cache le corps là où tu peux, puis reviens. Je vais te montrer comment un membre des Forces Spéciales de capture piège ses proies. Tu seras là en couverture, si jamais cela ne se passe pas comme prévu. »

Je commençais à peine à m'amuser et les troubles font déjà leur apparition, je ne pense pas que ce soit vraiment le chat que j'ai entendu bouger tout à l'heure. Après avoir marché durant deux minutes seulement en direction du Nord, je décide de faire demi-tour, quelque chose de louche se prépare ici. Je souris narquoisement, est-ce déjà les Ninjas ennemis qui viennent nous prendre en embuscade ? Si je n'avais pas promis à Maku d'obéir à ses ordres un peu plus tôt, j'aurais pu partir seul à la chasse à l'homme, pourquoi ai-je un tel sens de l'honneur ? Le sang palpite dans mes veines, j'ai envie de me battre contre plus fort que moi, je ne veux pas d'un entraînement ! Je dégaine mon sabre, prêt à partir à l'aventure quand un bruissement de feuilles m'alerte, je me retourne vivement...C'est le chat du Shinobi de Suna, que me veut-il ? Est-ce un piège tendu par mon "maître" pour m'amener jusqu'à lui parce qu'il n'arrive pas à me localiser ? Hum, tout compte fait je pense que le félin est honnête avec moi, quel intérêt aurait-il eu à me prévenir si le but du Ninja du sable serait de m'attaquer ? Je me contente alors de répondre à l'animal un hochement de tête significatif, alors qu'il emprunte la voie aérienne, je le suis en courant entre les arbres et rochers qui sèment d'embûches mon parcours.

Si jamais on se fait repérer, le chat pourra toujours s'enfuir pour prévenir Maku, quant à moi je devrais tenir le plus longtemps possible contre les Ninjas ennemis. D'après le dénommé Atoichi, son maître aurait déjà eu à faire à un éclaireur...Cela veut dire qu'une majorité des troupes de l'alliance des ténèbres se trouve encore dans les Monts Brumeux. Je renifle avec dédain, j'imagine qu'en étant avec un haut placé tel que le Suna-jin' je vais devoir me plier à ses ordres et jouer le second rôle, je déteste ça. Malgré cela, je trouve quand même assez satisfaisant le fait de pouvoir me battre alors qu'à la base, je devrais être entrain de faire à manger. Renonçant à l'idée de m'enfuir, je me dirige vers le point de rencontre, l'air maussade, je ne sais pas du tout ce que le diplomate attend de moi. Une fois arrivé, je ralentis le pas et marche doucement avec mon interlocuteur qui m'attend pour faire une mise au point visiblement.

« Je suis là Morichi-san. »

Mon regard se fixe cependant sur un autre détail, un cadavre jonche aux pieds de l'homme aux cheveux rouges, ainsi nous sommes déjà pris pour cibles, je me demande ce qu'il en est des autres groupes. Je n'ai pas le temps de demander des explications et déjà mon équipier prend la parole d'un ton grave, j'ai bien compris qu'on ne va pas plaisanter aujourd'hui...Tant mieux ! Je retrousse mes manches et exécute le premier ordre que l'on m'a donné, c'est-à-dire cacher le corps de la victime. C'est assez spécial de tirer un corps inerte, je n'avais plus eu cette sensation depuis la fameuse nuit où j'ai tué Izue. Bref, chassons les mauvais souvenirs, focalisons nous sur l'objectif actuel. Après avoir trouvé un endroit qui semble être propice à cacher le cadavre, je dissimule l'entrée de la crevasse en jetant quelques feuilles par dessus, le fait que l'on soit en automne m'avantage plutôt bien sur ce coup là.

Pas le temps de réfléchir plus longtemps, je reviens déjà sur mes pas comme on me l'a demandé bien que me lancer à la poursuite des Ninjas de l'alliance des ténèbres devient de plus en plus tentant au fur et à mesure que le temps passe. Je retiens tout de même mes envies et continue la route en essayant de ne pas me faire remarquer, cependant il semblerait qu'il soit déjà trop tard, nous avons été repéré depuis un bout de temps. J'ai à peine le temps de me retourner pour esquiver de justesse un shuriken que je sens frôler ma joue gauche, je pose ma main sur l'endroit affecté...Du sang, mes mains tremblent, je sers les dents...Je n'ai pas peur, je commence juste à entrer dans une fureur monstrueuse, faire couler mon sang revient à déverser celui de ma soeur cadette que j'ai aimé plus que tout au monde et, au nom des plus grandes richesses qui existent dans ce bas-monde, je ne permettrai à personne de le faire !

« Enfoiré...Je vais te faire mordre la poussière ! »

Ma colère m'empêche de raisonner rationnellement, j'en oublie presque toutes les instructions de Maku jusqu'à ce que je croise le regard du chat, a-t-il été envoyé ici pour me surveiller ? Est-ce bien l'invocation de mon senseï ? Quoiqu'il en soit, s'il apprend que j'agis seul je risque d'être sévèrement puni par les autorités de Kiri...Et lui aussi. Prenant en compte sa générosité, je me résigne à ne pas affronter le type qui se cache quelque part dans le décor. Je pousse un cri de rage exprimant frustration et haine à la fois avant de lâcher par terre un fumigène pour faire diversion. Je cours encore et encore jusqu'à en avoir mal aux côtes, je dépasse mes limites en fuyant mon ennemi qui vocifère "Lâche" mais bientôt, sa voix ne sera plus qu'un écho. Je rejoins alors Maku à bout de souffle, je m'adosse à un arbre alors que je suis tout en sueur, je lui dois quelques explications.

« Nous sommes suivis, j'ai réussi à échapper à l'un d'eux mais je crains que la prochaine fois, je ne pourrai pas fuir avant de me battre. Restons ensemble, j'ignore combien il en reste encore. Quoiqu'il en soit, ils ont l'air de bien connaître les environs. »

Le fait que l’entrainement soit si vite interrompu ne me fit pas très plaisir. Il me fallait savoir comment Kazuko combattait si je voulais assurer sa sécurité, mon objectif primaire. Mais les circonstances changèrent, et du fait que je craignais que cela se produise, j’avais toujours un plan de secours, mais largement moins bien perfectionné. Ainsi j’avais chargé Atoichi de retrouver le genin afin qu’il revienne vers moi pour que je puisse le protéger. Aussi, quand il revint, je le chargeai de se débarrasser du cadavre du ninja éclaireur. J’en avais profité aussi pour créer un clone qui prit l’apparence de ce ninja ennemi en étant blessé. J’allais ainsi appâter les ennemis et les capturer tout simplement… en espérant deux choses : qu’il n’y avait pas de ninja sensoriel, et qu’ils n’étaient pas plus de quatre.

J’entendis alors Kazuko qui revint, essoufflé, et égratigné. Je fus surpris par cela, mais le jeune homme m’expliqua le tout. Mais sa dernière phrase m’étonnait le plus : « Quoiqu'il en soit, ils ont l'air de bien connaître les environs. » Comment cela était-il possible ? Seul des Kirijins devaient connaitre ces bois aussi facilement. Et s’il connaissait les lieux en y passant souvent, ils auraient dû se faire repérer par nos éclaireurs. Laissant de côté cette question pour le moment, je donnais quelques instructions à voix basse :

« Il va falloir que tu te camoufles quelque part, au-delà d’un rayon de 20 mètres autour de mon clone déguisé. Je n’ai pas envie de commettre une erreur et que tu sois pris dans ma technique. Je donnerai un signal quand tu pourras sortir. A ce moment-là, je te demande une seule chose : tue ceux que je n’ai pas pu capturer. Sans hésitation. »

Puis je lui murmurai le signal à l’oreille : le signal était quand je prononcerai le mot « Attention ! » de manière forte. Là-dessus, je fis de nouveaux mudras pour invoquer trois clones supplémentaires, laissa un kunai dans la main du clone-leurre, et fis de nouveaux signes pour préparer ma technique : le Moru Zanshu. Il suffisait maintenant de me concentrer sur les ondes de chocs.

Quelques instants plus tard, un ennemi vint en ayant aperçu le corps de son partenaire. Il prononça son nom, et voyant que son pseudo-coéquipier semblait en vie, il utilisa une sorte d’appeau afin d’appeler ses coéquipiers. Il ne fut pas longtemps pour que six autres ninjas arrivent sur les lieux. J’avais ressentis leur présence via les ondes de choc de leur arrivée, et je serrai les dents. Ils étaient trop nombreux. Tant pis. Je commençai à faire de nouveau mudras.

« Comment a-t-il pu se faire avoir ? Il était l’un des meilleurs éclaireurs. » se demanda l’un des six.
« Ouais, je ne comprends pas non plus. » dit un autre.
« Il n’avait peut-être pas senti un autre ninja qui l’aurait pris par surprise… » dit un troisième ninja.
« Un autre ? Qu’est-ce tu veux dire ? »
« J’ai vu un gamin tout à l’heure, mais il a fuit rapidement. Ca peut pas être lui celui qui a eu Taro-san. Il doit au moins y en avoir un autre. »
« On a pas le choix. Faut le ramener au camp. On trouvera ces ninjas plus tard. »
« Trop tard. »

Celui qui prononça ces deux mots fut le clone-leurre. Au même moment, j’avais activé ma technique de la Taupe Décapitante. Puis, un par un, rapidement, quatre ninjas se retrouvèrent enlisés dans le sol jusqu’au cou. Je ressorti du sol juste après. Surpris, les trois autres ninjas se tournèrent vers moi avec une expression de colère. Ils jetèrent alors rapidement un kunai chacun, mais mon clone qui avait servi de leurre s’était sacrifié pour me protégé.

« Un appât ! Espèce de salaud ! »
« Avouez que c’était bien pensé. » raillais-je en faisant une révérence comme si les mots de l’ennemi étaient un éloge à mon égard, ce qui ne fit qu’accroitre leur colère.
« Qui es-tu ? » me demanda alors l’un des ninjas.
« Morichi Maku. » répondis-je avec un sourire, prenant discrètement trois shurikens dans ma sacoche. « Chef des forces spéciales de Suna ! Mais maintenant, messieurs, je ne peux pas vous laisser vivre… Attention ! »

J’avais crié le signal afin que le jeune Kirijin puisse attaquer. En même temps, j’avais lancé mes trois projectiles, chacun vers l’un de ces trois ninjas. Il fallait vite neutraliser ou tuer ces derniers ninjas, afin que je puisse m’occuper de mes prisonniers.

J'avais accouru le plus vite possible pour ne plus être tenté de revenir sur mes pas et d'aller me battre, la violence pour un Ninja devient une drogue, elle devient notre seule raison de vivre au bout d'un certain temps. Ceci étant dit, après avoir expliqué la situation à mon maître, ce dernier reste sceptique, s'inquiéterait-il de la situation actuelle ? Ou est-il tout simplement entrain d'élaborer un plan qui nous permettra de vaincre nos adversaires, je n'en peux presque plus d'attendre, il faut que je fasse quelque chose pour m'occuper les mains, cependant Maku ne semble pas d'accord avec moi, son plan inclut que je dois rester dans l'ombre pour le moment. Je retiens quelques protestations, je sais que je ne peux contester ses ordres car c'est lui le chef aujourd'hui et que nous ne sommes pas en phase d'entraînement, nous sommes en situation réelle et moi...Je ne suis qu'un aspirant qui a volé les pouvoirs de ma soeur, je ne vaux pas grand chose sur le terrain sans d'autres personnes pour me couvrir.

Néanmoins frustré, je me cache derrière un énorme rocher situé non loin du point de rendez-vous et observe le Ninja du sable entamer les préparatifs, je commence par stopper mon flux de chakra afin que nos adversaires ne le ressente pas, je ne peux hélas rien faire d'autre à part attendre le signal de mon équipier. "Attention" c'est ce seul mot qui me permettra d'entrer en action, je ne peux échouer en ce jour même, je dois faire mes preuves auprès de mon village et...de mon clan. Je sers les dents à la pensée de ce dernier, je dois devenir le futur chef de cette famille, je ne peux pas laisser Jiin prendre le pouvoir si facilement ! Une voix s'élève alors, me faisant sortir de ma rêverie avancée, puis une autre. Toutes finissent par se concentrer en un point précis, j'en déduis qu'ils ont arrêté de marcher, non...Je ne dois pas intervenir tant qu'on ne m'a pas donné le signal, retiens-toi Kazuko !

Je ne peux m'empêcher de jeter un oeil sur ce qu'il se passe derrière mon dos, je me glisse discrètement le long du rocher en prenant soin de ne pas laisser dépasser ma chevelure blanche comme la neige afin de ne pas attirer l'attention, Maku a complètement disparu...M'aurait-il abandonné ici ? Serait-il de mèche avec les Ninjas là-bas finalement ? Je secoue la tête, je ne dois pas me laisser emporter par mes émotions et ma trop grande imagination...Je sers tout de même le poing, ils s'approchent de plus en plus vers moi. Trop crispé, je ne parviens pas à entendre leur conversation, je n'arrive plus à bouger une seule jambe...Suis-je faible ? La voix de Maku me fait alors reprendre mes esprits, mes pupilles reprennent vie et je me concentre de nouveau sur la zone de combat, je comprends tout de suite que ce n'est pas mon équipier qui provoque les sept Shinobis de l'alliance des ténèbres, ce n'est qu'un leurre, je commence à comprendre comment mon partenaire souhaite agir.

Quatre des ennemis se retrouvent ainsi le corps enfoncé dans le sol sans trop comprendre ce qu'il arrive, il faut toujours se méfier d'un utilisateur du Doton ! Je réactive mon flux de chakra, ils sont maintenant trop perturbé par la présence de mon senseï pour prêter attention aux détails, bien joué Morichi-san ! Le combat commence enfin, les trois Ninjas restant envoient rapidement un kunaï afin de prendre le temps de réfléchir à une nouvelle stratégie, le Suna-jin' est presque atteint lorsque son clone se jette à son secours en s'interposant pile au moment, ça devient intéressant. Un cri retentit alors, l'écho se porte jusqu'à mes oreilles, j'esquisse un faible sourire, le signal est enfin lancé ! Je sors de ma cachette en courant tel un forcené, mon sabre dégainé dans une main je me jette sur le premier venu que j'empale par surprise sous le regard effaré de ses compagnons.

« Code Ninja, article III, règle 57 : Ne jamais avoir pitié d'un adversaire. Hésiter à l'attaquer est synonyme de se laisser tuer. J'ai dû fuir tout à l'heure mais c'est faute de l'ordre que j'ai reçu, meurs maintenant. »

Mon discours achevé, je retire brusquement mon katana de son corps en le faisant hurler de douleur, les projections de sang atteignent mon visage tandis que l'un de ses camarades se rue vers moi, l'autre se dirige vers Maku, à un contre un on devrait pouvoir s'en sortir, quant à moi je dois minimiser mon utilisation de Ninjutsu, je n'ai pas beaucoup de fioles de sang sur moi. Il crée un clone à la va-vite et se place en position de combat. J'esquive de justesse un coup de kunaï de mon adversaire qui ne prend visiblement pas cet affrontement à la légère, les deux minutes qui suivent ne donnent toujours pas avantage à l'un de nous deux, nous tournons autour du corps immobile de celui que j'ai empalé avant, quelque chose me perturbe...Je ne vois pas le visage de mon opposant : il porte un masque. Serait-ce un Ninja de Kiri qui...Ugh ! A trop réfléchir je n'ai pas vu son clone se glisser derrière moi pour m'attraper un bras et me planter un kunaï dans la cuisse droite, je me débats tant bien que mal tandis que l'original se jette sur moi...Je crois bien que je n'ai pas le choix ! Ma main agrippe un fil de fer dans mon étui, j'ai à peine le temps de me défaire de l'emprise du clone et déjà je lance le fil qui s'enroule autour du bras de mon véritable adversaire.

« Raiton ! Chibachi ! »

Un choc électrique immobilise mon adversaire au sol, son clone disparaît quelques microsecondes après, c'est terminé. Je m'avance vers lui et lui plante mon sabre dans chacune de ses mains puis répète l'opération avec ses jambes pour être sûr qu'il n'est pas en état de fuir grâce à une quelconque technique. Au moment où je veux lui retirer son masque pour voir sa tête, j'entends un cri à cinquante mètres de ma localisation...Maku ? Je lance un regard dégoûté au Ninja qui m'a affronté quelques minutes plus tôt et court pour voir d'où provient le cri, une main saisit alors fermement ma cheville, je tombe et regard en arrière, c'est le Ninja que je croyais avoir abattu tout à l'heure ! Quoiqu'il en soit, il ne doit plus lui rester beaucoup de temps à vivre, je ne lui prête pas plus d'attention que ça et continue ma route, qu'est-il arrivé à mon compagnon d'arme ? J'ai du mal à courir sur une certaine distance à cause de ma jambe blessée tout à l'heure. Je m'arrête haletant et me panse rapidement la zone touchée par l'arme blanche, il faut que je rejoigne...Le Suna'jin !

« Les forces de captures ? Vraiment ? »

J’avais regardé le Kazekage avec un air surpris, presque même abasourdi. Je me demandais même si je rêvais. Le chef du village m’avait déclaré que j’allais être le capitaine de l’équipe des forces spéciales dans la section spécialisée dans la capture de cibles. Je m’en rappelai parfaitement du rêve que je voulais réaliser depuis que j’avais revu ce cher Hisato. Déjà, les forces spéciales étaient un objectif. Devenir leur chef aussi vite était presque un idéal. Mais en plus, faire parti de cette section, je croyais rêver.

« Tes capacités correspondent à ce type de boulot. J’ai confiance en toi pour mener le mieux possible ces missions. »
« Je serais digne de votre confiance, Kazekage-sama ! » dis-je, heureux comme enfant qui venait de recevoir un superbe cadeau.
« C’est sérieux comme travail ! »

Le ton froid de Gaara me ramena sur terre. Je m’étais laissé aller par mes émotions. Ma joie retomba, et je finis par reprendre mon air sérieux. Je m’excusai alors pour ma réaction. Il me laissa alors avec ces dernières paroles :

« Tu sais comment se passe ce travail. Toute cible non capturée doit être tuée. Je sais ton horreur de la mort, mais cela fera parti de ton travail, désormais. »

Il avait raison. J’avais horreur de faire tomber le sang, mais quand je n’avais pas le choix… J’allais devoir changer sur ce point. Mais j’étais déterminé. Déterminé à montrer mon efficacité. J’ai toujours eu cette motivation en moi, depuis mes jeunes années dans l’Académie. Plus question de reculer, j’allais désormais tout donner.


Ma technique du Moru Zanshu, la taupe décapitante, venait de cette détermination à montrer ce que je valais. Usant de ma réflexion et de mes capacités, j’avais créé une technique amélioré du Shinjuu Zanshu. Et ces ninjas ennemis furent les témoins malheureux de cette démonstration. Mais il en restait trois cependant, et j’avais alors donné le signal pour que Kazuko puisse intervenir. Concentré sur moi et les shurikens qui allaient dans leur direction, les ninjas ne firent pas attention à ce qui vint par derrière et l’un d’entre eux fut transpercé par la lame du Kirijin. Un de moins. Nous voilà désormais en combat équitable. Mais non pas en deux contre deux, mais en un contre un. En effet, les deux ninjas ennemis prirent chacun un adversaire.

Je n’avais pas trop envie de laisser le jeune genin combattre seul un adversaire, mais je n’avais plus le choix. De toute façon, mon adversaire se jetais déjà sur moi, et je réussi à parer de justesse son kunai qu’il tenait à la main. Mais il enchaina avec son autre poing, que j’esquivai. Mon adversaire avait le même niveau de Taijutsu que moi, nos coups ne furent que vaines tentatives. Mais il enchaina ensuite des coups de pieds rapide, que je ne pu que parer. Mais il avait ainsi gagné assez de temps pour faire des mudras.

« Katon, Endan ! »
* Merde ! *

Je fis jouer mon chakra pour avoir une meilleur impulsion pour esquiver la boule de feu. Ce fut de justesse, mais je ne pu échapper à l’onde de choc qui m’envoyait valser quelques mètres plus loin que prévu. Me relevant, je m’inquiétais désormais : si les ennemis avaient ce niveau, j’espère que Kazuko s’en sortait ! Je devais vite en finir pour aller l’aider. Je m’en voudrais si je n’avais pas réussi à le protéger…

Mais mon adversaire continua l’assaut, accompagné d’un clone cette fois-ci. Il semblait décidé à me terrasser au Taijutsu, celui-là ! Je n’eus cependant pas le temps de créer un clone moi-même, et je dû m’occuper de deux adversaires en même temps. Il était assez rapide, ce qui m’empêchait de pouvoir préparer la moindre technique, et il parait le moindre projectile. Evidemment, il fallait bien que je n’avais pas prévu le moindre kunai explosif… Le combat continuait, et je réussi à me dégager de l’original, qui mangea la poussière suite à un de mes coups de pieds. Mais le clone continua l’attaque et je dû rapidement parer un nouveau coup… Je trouvais cela étrange que le clone avait la même puissance que l’original… Car ce combat était aussi égalitaire que tout à l’heure. Je compris alors : il m’avait fait confondre entre les deux en attaquant si vite, je m’étais alors préoccupé que du clone alors que je pensais que c’était l’original ! Il voulait que je m’attaque au mauvais, car dès que l’utilisateur de la technique était abattu, le clone disparaissait.

Sa rapidité surpassait la mienne, et le clone revint rapidement au combat : j’avais fait reculé mon adversaire et j’eus juste le temps de m’occuper du clone. Ou du moins je le pensais. Je comprenais son envie de combattre avec le Taijutsu : sa rapidité et sa résistance faisait de lui un adversaire redoutable. Il avait déjà contre-attaqué. Mais l’instant suivant, alors que je venais de dévier de nouveau l’attaque du clone, mon véritable adversaire poussa un cri : Atoichi était arrivé au bon moment et lui griffait le visage. Cet instant me permis de prendre l’avantage sur le clone : je le fis titubé en lui frappant le côté du visage, puis le transperça avec le kunai que j’avais dans l’autre main. Il disparu alors. Mais mon vrai adversaire s’était défait du chat, et commençai quelques mudras, plus en rage que jamais, des coupures partout sur le visage. Décidé à en mettre un terme, je fis de même. Puis nous utilisâmes tous deux notre technique :

« Katon, Dai Endan ! »
« Doton, Doroku Gaeshi ! »

Mon adversaire semblait lui aussi déterminé à mettre fin au combat, je n’avais pas prévu cela. Je fis alors rapidement de nouveaux mudras. Si ce leurre fonctionne aussi, c’était bon. Les flammes envahirent le mur de feu qui ne fut pas assez grand pour protéger le tout. Puis, pendant quelques secondes, la zone était envahie par le feu. Après cela, le ninja avança tranquillement pour voir le résultat. Mais il fut surpris de ne voir rien derrière le vestige de mur de terre qu’il y avait. Mais le temps de comprendre, c’était trop tard : j’avais activé la technique de la décapitation fatale. Mon ennemi se retrouva comme ses quatre coéquipiers, le corps enterré. Sortant de terre, je soufflai enfin. Ce combat avait enfin pris fin. Et j’avais désormais cinq prisonniers. Prenant le sang venant d’une de mes coupures faites lors du combat, j’invoquai Goro cette fois-ci. Je le chargeai alors de ramener ici des ninjas de Kiri afin qu’ils ramènent mes victimes au village. Puis mes pensèrent allèrent vers le Kirijin. Je devais voir s’il allait bien. Mais à peine je commençais à repartir que je vis une silhouette arriver. Un instant plus tard, je reconnu le Kirijin.

« Kazuko ! Tu as réussi à t’en sortir vivant ! »

J’étais soulagé, mais ce fut à ce moment-là que je compris à quel point mon combat avait été dur physiquement : je me laissai tomber sur le sol, prenant mon souffle en gardant cette position assise. Mais je vis un bandage au niveau de sa jambe droite.

« Ta blessure te fait pas trop souffrir ? »

C'est fini, je ne sens pas la présence d'autres ennemis autour de moi, je peine à marcher vers Maku qui, en tentant de venir à moi, s'écroule de fatigue, je me dis alors que son adversaire a dû être bien plus fort que le mien...Je me maudis d'être aussi faible, de ne pas avoir pu intervenir pour faire mes preuves, alors que mon maître est étendu au sol j'essaie tant bien que mal de le rejoindre, ma jambe me fait souffrir mais je mens, tout va pour le mieux d'après la réponse que je lui donne. Je me rends alors compte que moi aussi je suis presque à bout, alors que mon interlocuteur essaie de se relever, je me laisse aller contre le tronc d'un arbre, il n'y a plus aucun assaut à craindre pour le moment de toute façon à moins que le Ninja ait eu le temps de masquer sa présence, ce que je doute. Après une petite pause, je reprends mon souffle et marche en claudiquant, j'attends la suite des instructions. Le boss' nous impose une heure de repos, j'en profite pour soigner sérieusement ma blessure.

Je retire doucement le bandage de ma jambe en essayant de ne pas geindre, d'après Mère ce n'est pas digne d'un homme de se plaindre, je m'y suis visiblement mal pris car le sang coule encore, je fronce les sourcils, il est vrai qu'en ce qui concerne les techniques de premier soin je n'ai jamais été bon élève, parfois je regrette de ne pas avoir suivi les cours du temps où j'étudiais à l'académie. Je presse ma main sur ma plaie pour éviter que le saignement continue, j'hésite à demander de l'aide à mon supérieur...Mais je suis trop fier pour ça en réalité, si seulement Izue serait là pour m'aider, je suis sûr qu'elle aurait la solution. Je sais bien qu'il faut faire un garrot mais je n'ai aucune idée de comment faire ! Je ne suis vraiment pas doué pour ce genre de chose, je risque encore d'infecter ma blessure et dans cette forêt, il y a peut-être bien des substances qui pourraient rendre la situation dangereuse. Par chance l'hémorragie cesse après une dizaine de minute cependant je suis conscient que je vais laisser une trace de ma présence ici à mes ennemis, il ne vaut mieux pas que nos adversaires aient du flair, on risquerait de se faire remarquer à cause de moi.

Quelques minutes après, alors que je fais un nouveau pansement je vois arriver non loin de là un groupe de quatre personnes, je m'apprête à fuir jusqu'au moment où je reconnais le dialecte du pays, ce sont des alliés...Pas besoin de déguerpir. Je montre patte blanche en dévoilant ma position pour ne pas créer de malentendus, les hommes s'approchent de nous et sans prendre plus de précaution je les attend patiemment. Après avoir brièvement discuté avec le chef de l'unité alors que Maku semble discuter de plans stratégiques à nos équipiers, je découvre que l'un d'eux est un Ninja médecin, une jeune femme nommée Akimitsu d'après les dires du chef, c'est avec plus ou moins de gène que je demande à faire examiner ma blessure. Je m'assois sur un tas de feuille tandis que l'Eisenin concentre son chakra dans ses mains, je la regarde faire avec un peu de honte, je n'aime pas demander de l'aide à une femme si elle ne fait pas partie de mon entourage généralement.

« Et voilà ! Faites plus attention la prochaine fois...
- Ou-Ouais, ne vous inquiétez pas, je ne vous importunerai plus avec ça.
- Ce n'est pas pour cette raison que j'ai dit ça...C'est juste que je pense que Kiri a assez perdu de soldats, je ne veux plus jamais entendre qu'un de mes camarades est mort au combat. »

Je reste silencieux durant les cinq secondes qui suivent, notre regard se croise et je comprends alors qu'elle aussi a dû essayer de lourdes pertes. J'essaie tant bien que mal d'animer mon visage blafard avec un sourire en coin mais j'ai du mal à y parvenir, elle détourne alors la tête et s'apprête à partir. Je prends une grande bouffée d'air avant de me lever à mon tour, de placer ma main droite sur son épaule et de lui répondre sur un ton monotone :

« Tout ira bien, c'est bientôt fini... »

Au moment où elle se retourne vers moi l'air surpris nous sommes interrompus par un Ninja de son unité, courant comme un forcené. Essoufflé, il annonce à l'assemblée avec panique, je peux lire la peur dans ses yeux :

« Deux éclaireurs ont été retrouvés morts à 20 mètres au sud, nos ennemis sont sur place...Préparez la formation d'urgence ! »

Des murmures s'élèvent, je quitte alors la Ninja médecin sans la saluer pour rejoindre mon responsable, je finis par le trouver accoudé contre un arbre alors que l'autre unité de combat se prépare à la bataille. Je déglutis difficilement avant de prendre mon courage à deux mains et m'approcher de lui, j'ignore quel plan il a mais une chose est sûre : on va devoir quitter la zone, ne connaissant pas les aptitudes au combat des autres personnes nous ne ferons que les freiner dans leur lutte. Cependant en dehors de ce périmètre d'autres ennemis nous attendent, si je me suis fait soigner cette fois je ne compte pas me blesser une nouvelle fois.

« Qu'est-ce qu'on fait...boss' ? »

Furent les seuls mots qui s'échappèrent de ma bouche. Dans cette forêt je risque la mort, en partant en expédition avec les Chûnin expérimentés je savais à quoi m'attendre mais jamais auparavant je n'avais ressenti cette sensation de mort imminente...J'ai un mauvais pressentiment.

Le combat contre l’ennemi avait finalement éprouvé mes réserves. Mais le côté surprenant, pour ceux qui me connaissent, était le fait que c’était au niveau physique que j’en pouvais plus. C’était pourtant ma plus grande force. Je préférais donc pouvoir récupérer en attendant que le groupe de Kiri censé arriver grâce au message que l’un de mes chats, Goro, devait transmettre le plus vite possible. Des prisonniers, c’était un bon avantage pour l’Alliance et pour la guerre. Mais mon but premier aujourd’hui était de protéger Kazuko, et je fus soulagé quand je le vis arriver. Et il m’annonça qu’il allait bien, même malgré la blessure. S’en tirer avec une simple blessure, il me faisait impression, le genin de Kiri.

J’avais donc annoncé un peu de repos en attendant les renforts de Kiri, et je fus content de voir un groupe de ninja arriver vers nous. Je reconnu leur capitaine, un homme du nom de Teijo Hamada. Je l’avais rencontré lors d’une réunion stratégique dans le village de la Brume. Un homme sérieux et fiable. Il s’approcha alors de moi, et j’eu un peu de mal à me lever pour lui serrer la main.

« Ce n’était pas votre jour de repos, Morichi-san ? »
« Ouais, mais pour une certaine raison, je suis parti du village. Je ne pensais pas tomber sur un aussi gros groupe. »

Je détournai légèrement mon regard vers le jeune Kirijin, et je vis qu’il se faisait soigner par une ninja-médecin. Je fus content de voir que sa blessure pourra être soigné ici-même : s’il cette eiseinin n’était pas là, j’aurais eu quelques problèmes à l’escorter s’il restait blessé. Je remerciai le capitaine pour y avoir pensé. Puis un ninja fit un rapport à Teijo et reparti lors d’un acquiescement de ce dernier.

« Un groupe de huit ninjas, et six sont encore en vie. Un travail de maître, Morichi-san. »
« Six encore en vie ? » répétais-je, pas certain d’avoir bien entendu.
« Ouais, vous m’aviez pas transmis le fait que l’un d’eux avait les articulations des mains et des genoux sectionnés. »
« Mais je… Oh ! »

Je venais de comprendre. Je pensais que Kazuko avait réussi à tuer son adversaire. Je me trompais lourdement, il l’avait immobilisé ! En voyant que je faisais de mes ennemis des prisonniers, il avait fait de même pour son adversaire ! Et tout ça en étant juste blessé à la jambe ! Je regardai de nouveau le genin d’un air surpris. Il m’impressionnait vraiment.

« En tout cas, ils ont tous été emmenés, les cadavres serviront certainement. J’ai du mal à comprendre comment, mais les ordres sont les ordres. Vous êtes sûr que ça va ? »

J’avais recommencé à reprendre mon souffle, et la sueur qui devait parcourir mon corps n’aidait pas. Je m’étais même posé contre l’arbre le plus proche. Il avait dû certainement remarquer le tout, et comprendre que j’étais un peu épuisé. Le temps entre mon repos et l’arrivée des renforts n’avait pas suffit à ce que je récupère complètement. J’acquiesçai alors, laissant dire que ça allait. Mais une mauvaise nouvelle nous attendait…

« Deux éclaireurs ont été retrouvés morts à 20 mètres au sud, nos ennemis sont sur place...Préparez la formation d'urgence ! »

Encore des ennemis ? Mais ils étaient combien au final ? Je serrai les dents, tandis que le capitaine hurlait les ordres de formation et me conseilla de partir. Mais au même moment, Kazuko, apparemment soigné, me demandait ce qu’on allait faire. Je pris alors un petit instant pour réfléchir. Si deux éclaireurs avaient trouvés la mort, alors les ennemis devaient être nombreux. Je me refusai alors l’idée de fuir, même malgré l’insistance de Teijo.

« On va les aider. » dis-je en prenant à contrecœur la seule pilule que j’avais sur moi. « Je vais leur tenir soutien. Quand à toi, protège l’eiseinin. Il vaut mieux qu’elle ne meure pas. Accomplis cette tâche, et je parlerais de toi aux dirigeants de Kiri. Tu es vraiment doué, pour un genin. »

Je me mis alors en position afin d’aider nos renforts. Puis il fallu attendre quelques instants avant de voir un groupe de ninjas ennemis arriver comme prévu par le sud. L’un d’eux s’était esclaffé, disant qu’il se doutait bien que nous étions dans le coin, après avoir tué les deux éclaireurs. Je comptai dans le même temps le nombre d’ennemis. Ils étaient une dizaine cette fois. Je comprenais maintenant pourquoi sortir de Kiri était difficile. Les ennemis nous tombaient dessus en masse ! Mais peu importe, nous les vaincrons. Puis l’assaut fut lancé, et je commençai par créer quatre nouveaux clones. Je devais aider le groupe, mais aussi rester près de Kazuko, si jamais il se retrouvait en difficulté. Puis, sortant un kunai, je me lançai dans la mêlée.

Boss' me surprendra donc toujours, contrairement à ce que je pensais, nous allons livrer un nouveau combat, que dis-je : une nouvelle bataille ! Cette fois c'est aux côtés de nos comparses de l'alliance Shinobi que nous allons croiser le fer ou mettre en oeuvre toutes nos techniques de Ninjutsu. Ma main droite se crispe sur un pan de mon kimono, il me reste encore deux fioles de sang, est-ce que ça me suffira ? Je me mords la lèvre inférieure, je suis tenté d'interpeller mon supérieur qui se dirige déjà vers l'autre chef d'unité, je baisse ma main et j'hésite à prendre la fuite bien que ce ne serait pas très digne de moi, futur chef du clan Ryuuseigun. Je jette un regard vers la Ninja médecin occupée à essayer de soigner les blessures déjà bien profondes d'un homme qui semble être l'un des éclaireurs tombé au combat. J'examine d'un bref regard ses blessures, son hémorragie ne cesse de s'aggraver, c'est peine perdue, je m'avance vers la jeune femme qui m'a administré les soins quelques minutes auparavant, je la regarde faire sans trop comprendre.

Des larmes, des cris étouffés et un flux de chakra de plus en plus perturbé, je finis par poser la main sur la sienne. Elle relève ses yeux rougis par les sanglots et me fixe d'un air interrogatif, mon visage habituellement si impassible semble exprimer un peu de compassion, elle pose ses mains couvertes de sang sur mes bras et continue de pleurer. Au bout d'une trentaine de seconde je la repousse doucement, elle essuie ses larmes tandis que je me libère de son étreinte. J'ai l'impression d'être un monstre, de ne pas pouvoir réagir dans ce genre de situation et pire que ça, elle me dégoûte. J'ai perdu mes émotions en tuant ma soeur, c'est ce qui semble être ma réalité depuis cette nuit tragique, aucun son ne sort de ma bouche jusqu'à ce que je lui rappelle d'un ton sec, paradoxalement avec le fait que j'ai accepté qu'elle vide sa tristesse sur moi :

« Code Ninja, règle 25 : Quelque soit la mission, un ninja ne doit jamais transparaître ses émotions, l’accomplissement de la mission passe avant tout, le ninja n’a pas le droit de verser des larmes. Viens, d'autres gens vont avoir besoin de toi, au lieu de t'apitoyer sur le sort de ton compagnon, protège les autres soldats. »

Elle hoche frénétiquement la tête et accepte de me suivre, je pousse un soupir, heureusement qu'elle n'a pas continué de pleurer, je n'aurais pas su comment réagir. Malgré les compliments de Maku je me dis qu'il me reste encore beaucoup de chemin à parcourir, je dois encore faire mes preuves en tant que Ninja mais..aujourd'hui je viens de comprendre quelque chose d'important. Tous ces Hommes sont plus gradés que moi et pourtant ils pleurent, me suis-je fourvoyé sur la définition d'un Ninja ? Je regarde en arrière, la jeune femme reprend peu à peu ses esprits, je l'emmène à l'écart du champ de bataille pour qu'on soit à l'abri des giclées de sang mais à peine la zone quittée je sens la présence d'un ennemi, je suis seul avec une personne "fragile" cette fois, je ne pourrai pas compter sur le Suna-jin' pour m'aider cette fois...Putain !

Il se rapproche, je ne sais pas quoi faire...Attaquer et courir le risque qu'elle se fasse enlever ou alors fuir avec elle, loin d'ici et trouver une planque adéquate jusqu'à la tombée de la nuit. Cette fois ce n'est pas le sentiment de la dernière fois qui m'anime, je n'ai pas peur de me faire réprimander par le boss' mais...Je n'ai pas envie de la laisser toute seule, mon regard bleu comme la glace croise le sien, je ne peux pas la regarder souffrir, je ne supporterai pas que par faute une autre vie soit prise. Je suis un homme, je dois affronter mon destin et protéger cette fille, c'est mon devoir en tant qu'héritier de clan et plus que tout, mon devoir de Shinobi.

« Hé...Si je suis sur le point de mourir n'essaie pas de me sauver, cours alerter les autres sur le champ de bataille et...Plus important que ça, protège ton sourire.
- Qu-Quoi ? Mais tu es fou, faisons marche arrière ! Il ne me reste pratiquement plus de chakra et j'ai perdu mon stock d'armes contre un kunoïchi tout à l'heure...
- C'est trop tard, nous sommes repérés, il est seul, je crois que j'ai ma chance ! Reste en dehors du périmètre de combat. »

Mais je sais bien qu'en réalité j'ai beaucoup plus de chance d'y laisser ma peau, si j'ai dit c'est pour...Pour qu'elle croit en moi c'est tout. Je m'apprête à faire un pas en avant mais elle me retient, je tente de me dégager de son emprise mais elle résiste, qu'est-ce qui ne va pas chez elle ? Je le sens rôder autour de nous, pourquoi donc ne me laisse-t-elle pas l'affronter ? Elle commence à rire nerveusement avant de me confier :

« Le courage...C'est vraiment un truc de crétins tu sais. »

Je souris à mon tour avant de lâcher sa main, elle a peur, pour elle, pour moi ? Je ne sais pas mais soit, je suis prêt à me battre pour nous deux ! Je saisis un kunaï explosif et le lance au hasard sur un des arbres pour l'obliger à dévoiler sa présence. Mes cheveux blancs comme la neige virevoltent au gré du vent, lorsque je rouvre les yeux une fois la fumée dissipée je le vois changer de position, c'est le moment ! Je m'élance sans réfléchir sur ma cible et effectue une pirouette dans les airs pour le rattraper. Il ne fuit pas cette fois, il me fait face et riposte en m'envoyant plusieurs shurikens dans la tronche. Je dégaine rapidement mon sabre et dévie leur trajectoire en faisant attention à ce qu'ils n'atteignent pas la Ninja médecin qui tente tant bien que mal de suivre notre combat.

Nos affrontement aériens n'aboutissent à rien, nous en avons tous deux conscience, voilà pourquoi d'un coup il décide de rejoindre la terre ferme. Je ne pense même plus au danger et je pars à sa poursuite, je n'ai qu'un seul objectif en tête : la protéger et je pense qu'il l'a compris en vue du nombre de fois où j'ai évité que ses attaques ne la touchent. Mon sabre en main je me rue sur le Shinobi de l'alliance des ténèbres qui, surpris par mon déplacement rapide, n'a d'autre choix que d'utiliser le Ninjutsu pour parer mon offensive. Une onde de choc parcours mon corps, par chance elle n'est pas très puissante, je valse environ deux mètres plus loin mais je suis toujours debout.

« ATTENTION ! Derrière toi ! »

La voix stridente de la jeune femme me fait reprendre mes esprits plus vite que prévu, j'esquive sans trop comprendre un coup de poing chargé électriquement qui finit par frapper le sol de manière brutale. Je vois, alors en plus de créer un champ magnétique qui repousse toute entité qui tente d'atteindre l'utilisateur, sa technique lui permet également d'accroître sa vitesse. Haletant, je pose ma main sur mon thorax, alors c'est ça un Ninja expérimenté. Difficile de dire quel âge mon antagoniste doit avoir, son visage masqué ne me permet pas de tirer des conclusions...En tout cas je n'ai plus le choix, je dois utiliser le Ninjutsu. Je suis différent des autres Shinobis, je ne peux pas utiliser le Ninjutsu comme bon me semble, je suis dépendant du sang de ma soeur pour m'en servir, je dois réfléchir à une stratégie valable.

Alors que j'essaie de maintenir mon opposant à distance je m'impose de trouver un plan pour me sortir de cette sale situation. Je suis bientôt à bout, je ne vais pas tenir longtemps à ce rythme de combat, j'en fais trop, il faut que ça se finisse rapidement ! Tant pis si ça ne fonctionne pas, je n'ai pas d'autre choix que de mettre en oeuvre cette stratégie. Je me jette à toute vitesse sur mon adversaire qui semble de pas être contre un duel direct après mes diverses esquives, je compose le mûdras du tigre et créé un clone, nous fonçons tous les deux à une allure équivalente, je tends avec désespoir mon bras vers mon katana que je dégaine rapidement.

J'allonge alors mon bras vers mon ennemi et change subtilement de place avec mon clone qui se fait frapper de plein fouet par le poing électrifié de mon opposant alors que j'effectue un saut vertical pour me placer au dessus de mon ennemi qui me regarde s'abattre sur lui sans qu'il ne puisse rien faire, une seconde plus tard il est allongé à terre, mon sabre planté dans sa colonne vertébrale. Je m'effondre à mon tour au sol, ma main tremblante cherche une fiole de sang mais je vois de plus en plus trouble. Je finis par trouver l'objet de mes convoitises et je m'inflige une douloureuse piqûres, j'étouffe un grognement alors que l'Eisenin s'approche de moi, je sens son souffle sur ma joue blafarde...Maku, où est-ce que t'es bon sang ?!

L’annonce de la mort de deux éclaireurs avait écourté notre petite « pause », car après le premier combat contre un groupe ennemi, je me sentais vidé de mes forces, surtout physiquement. Et une heure de repos ne m’avait pas permis de récupérer entièrement. Ainsi, au moment de décider d’aider les renforts contre ce nouveau groupe, j’avais pris une pilule militaire pour récupérer plus vite. Malheureusement, c’était la dernière que j’avais, ainsi j’espérais pouvoir souffler après cette bataille qui s’annonçait.

Encore plus nombreux que la première fois, je fus content d’avoir des équipiers avec moi, car je ne profitais pas de l’effet de surprise cette fois. Aussi j’avais demandé à Kazuko de protéger l’Eiseinin, tandis que j’entrai dans la formation de combat avec les autres. Et l’ennemi décida d’attaquer en premier, une nouvelle technique Katon qui me rappela mon dernier adversaire : le Katon Endan. Mais le capitaine Teijo était bien prêt, et avait réussi à parer l’attaque avec le Suiton, Suijin Heki. Puis le combat entra dans une mêlée de coups.

Créant le maximum de clones que je pouvais pour aider à palier notre infériorité numérique, les affrontements se faisaient à coup de Taijutsu, et occasionnellement de Ninjutsu, obligeant parfois de rompre la formation pour esquiver ou pour se protéger. Je sentais que cette équipe avait l’habitude de combattre ensemble, et ma présence se résumait surtout à aider à défendre les autres. Je voulais éviter que des camardes meurent, ainsi je me donnais à fond dans cette tâche.

« Je confirme ce que j’ai dit, Morichi-san, votre efficacité se fait sentir. J’ai encore du mal à croire que vous êtes encore Chuunin malgré votre titre de chef des forces spéciales de Suna. » me dit Teijo, après d’abattre un ennemi qui s’est vu trébucher sur ma technique du Sutondansu.
« J’aurai été aussi efficace lors de l’Académie, j’aurai pas été Genin qu’à 15 ans… » répondis-je.
« Comme quoi même les mauvais élèves peuvent devenir de très bons ninjas. »

Cette remarque me faisait sourire. J’avais eu beaucoup de mal avec le Ninjutsu, et j’avais toujours cette lacune… mais je la cachai sous mon orientation de combat : le soutien et la défense. Et par chance, cela me réussissait. Mais je savais que j’avais encore beaucoup de progrès à faire. Tant que je n’aurais pas maitrisé le troisième niveau du Boufuu, je savais que je pouvais encore beaucoup progresser. Je n’étais pas encore à la hauteur des deux Dotoniens de mon clan.

Mais alors que le combat continuait aussi intensément, Atoichi arriva sur mon épaule pour me souffler quelques mots. Il m’apprit que Kazuko était en danger. Surpris, je le cherchai des yeux. Mais il n’était pas là. M’éloignant de la zone de combat, en éliminant juste après un ennemi qui m’avait suivi, je demandai au neko de me guider vers sa position. J’étais inquiet, je n’aurais pas pensé qu’il serait ainsi à l’écart pour protéger l’Eiseinin. J’espérais qu’ils allaient bien.

Arrivé sur les lieux, je vis Kazuko réussir à planter son sabre dans le corps de l’ennemi. Mais il tomba au sol juste après. Mon cœur ne fit qu’un tour : allait-il bien ? Etait-il juste épuisé ? Mais je n’eus pas le temps de faire quoi que ce soit qu’un autre ninja approchait. Ils étaient combien, au juste ? Mais sans chercher à réfléchir, et savant que j’avais eu des clones hors-jeu lors cette bataille, j’en créai deux nouveaux afin de réaliser ma seule tactique offensive dans mon répertoire de Ninjutsu. Nous sautâmes le plus haut possible, puis les deux clones m’envoyèrent vers l’ennemi en me projetant par les bras, et je fis quelques mudras le plus vite possible. L’ennemi s’approchait, mais je savais quoi faire pour attirer son attention. Je criai alors le nom de ma technique :

« Fuuton, Fuusajin ! »

Alors qu’il allait porter le coup fatal, il leva les yeux vers moi, mais n’eus pas le temps de pouvoir esquiver ma technique, et se pris le dôme de vent qui m’entourait même avec ma traversée depuis les airs. L’ennemi fut projeter puissamment une bonne cinquantaine de mètre plus loin avant de se prendre un arbre, impacté par le coup. Pour ma part, j’annulai ma technique avant de m’écraser au sol afin de m’assurer une chute moins douloureuse, mais je ne pu heurter le sol qu’assez violemment. Je me levai quand même quelques secondes plus tard, après d’avoir repris mes esprits, reculant de quelques pas pour être proche de Kazuko et de l’Eiseinin. J’avais remarqué que la kunoichi s’était mis devant le Kirijin, comme pour vouloir le protéger.

« Comment va-t-il ? »
« Il… Il respire encore, je crois qu’il est à court de chakra, ou quelque chose comme ça. » dit-elle d’un ton léger, comme si elle avait du mal à croire qu’elle soit encore en vie.
« Donne-lui les premiers soins, s’il meurt, je m’en voudrais. »

Elle acquiesça et commença à soigner le genin. Pour ma part, je faisais face à mon adversaire. Sur le coup, il avait perdu son masque, et je pu voir son bandeau de ninja : c’était un déserteur de Kiri. Je m’en doutais, l’Alliance des Ténèbres avait fait appel aux Nukenins, et ceux de Kiri menait certainement les groupes, vu qu’ils connaissaient les lieux.

« Enfoiré ! Je vais t’apprendre à me tomber dessus comme ça ! »

Je pris alors une grande inspiration. J’en avais marre de combattre. Je voulais que ça se termine. Ce sera de même pour ce ninja, ils étaient trop nombreux pour qu’on les laisse en vie, de toute façon. Je fis de nouveaux mudras afin d’utiliser le Boufuu no Jutsu. Puis mes clones et moi-même lançâmes un shuriken chacun. Accélérés par la technique, les projectiles atteignirent la cible sans que l’ennemi ne puisse les contrer à temps. Mes clones se jetèrent alors sur lui, aidés par le vent qui les poussait dans le dos, et l’abattirent contre un arbre. J’empruntai alors le sabre de Kazuko tout en annulant ma technique du Vent Violent.

« Shunshin no Jutsu. »

Je m’étais téléporté jusqu’à lui pour lui porter aussi rapidement le coup de grâce avec le sabre du Kirijin. Puis je retirai l’arme, laissant le corps inanimé de l’ennemi s’effondre par terre. Je retournai alors vers le genin. Je lui posai alors l’unique question qui trottait dans ma tête. J’avais besoin de ne plus être inquiet.

« Est-ce que ça va ? »

Je ne ressens plus aucune douleur, à l'heure qu'il est mon corps doit être engourdi à cause des efforts que j'ai dû faire pour protéger l'Eisenin...Ou alors, peut-être que je suis mort. J'ai quand même envie de rire mais bizarrement, aucun son ne sort de ma bouche, ai-je encore une enveloppe charnelle ? C'est étrange, cette sensation de chaleur et de bien-être, il y a longtemps que je ne l'avais plus ressentie, je me sens comme un nouveau né comblé par des proches aimants...L'amour, un sentiment que j'ai l'impression de connaître maintenant et pourtant, je ne peux ni voir ni toucher. Tout autour de moi règne un vaste vide, je n'entends rien à part ma propre voix ou pour être plus exact : ma conscience. Un décor se forme peu à peu autour de moi, je tombe nonchalamment sur un sol constitué de ce qui semble être de la brume, je n'ai même pas mal. Je me relève sans aucune difficulté et commence à marcher, je lève la tête vers le haut et je découvre un ciel étoilé, alors comme ça je suis bien mort...C'est donc ça, la constellation que rejoint chaque membre du clan Ryuuseigun une fois décédé. J'avance d'un pas, prêt à partir sur cette route sombre où les étoiles éclairent mon chacun quand soudain je me retrouve absorbé dans une sorte de trou noir, quelle étape me reste-t-il à franchir ? N'ai-je pas assez prouvé ma valeur de mon vivant ?


« Izue-chan ! »

Mon cri résonne à travers toute la cour du domaine, Père me tire par le col et tente de me cacher de ma petite soeur, je ne comprends pas pourquoi il fait ça...Est-ce parce que je ne suis pas apte à devenir un Shinobi ? Je ne vois pas sa main arriver, il me frappe avec violence, je n'ai même pas besoin de regarder mon reflet dans la vitre, je sais déjà que ma joue habituellement blanche comme le lait est horriblement rouge désormais. Je baisse les yeux alors que je m'apprête à partir, mon géniteur me retient par la manche cette fois-ci, je ne le regarde toujours pas, ses sermons ne m'atteignent plus. J'ai presque envie de pleurer mais il ne manquerait plus que ça, je suis le fils indigne, l'héritier maudit du clan Ryuuseigun, celui dont Père a honte, je dois au moins me comporter comme un homme du haut de mes neuf ans, au défaut d'être un Ninja. Il me laisse seul dans cette pièce non éclairée avec comme seule compagnie un livre sur le Ninjutsu, n'a-t-il toujours pas compris que je suis tout bonnement incapable de m'en servir ? Pourtant ce n'est pas faute de volonté, c'est juste que pour une raison inconnue mes cavités de chakra sont bloquées.

Depuis trois ans on m'a séparé de ma petite soeur, elle qui était tout pour moi lorsque ça allait mal, Père a même eu recours à une technique de rang B pour lui sceller une partie de sa mémoire d'après mon cousin Saitou, il aurait assisté à la scène, d'après lui Père ne veut plus qu'Izue se souvienne de moi. Je m'adosse péniblement contre un mur, je ne sais pas quoi faire maintenant que l'on m'a lâchement abandonné ici mais bon, je commence à être habitué à ce traitement, seul Mère a pitié de moi et, quand Père est en mission, elle vient de sortir de ma "prison". La nuit tombe, je parviens à distinguer sa lumière argentée à travers les murs fins, je vois des ombres aller et venir. Je soupire et finis par m'endormir, un jour je deviendrais un homme fort et Père reconnaîtra enfin ma valeur, si je ne peux pas devenir un Shinobi alors je serai autre chose et je protégerai ma soeur.


Une voix m'arrache de mon triste souvenir, c'est une femme...Est-ce Izue qui m'appelle pour le repos éternel ? Non...Je sens quelque chose d'humide couler le long de mon nez or, il ne pleut jamais à l'endroit où nous, Ryuuseigun, prenons notre envol vers la paix. C'est salé...Des larmes ? J'ouvre un oeil, puis un autre et je réalise que je suis toujours allongé dans cette forêt. J'essaie de bouger mais c'est peine perdue, il semblerait que quelqu'un me bloque le bras, je tourne lentement la tête et je souris à peine, c'est l'Eisenin. Alors c'est ça la réalité ? Suis-je "mort" pour comprendre que je cours après un rêve irréalisable, en l'occurrence celui de redonner la vie à ma petite soeur ? Si c'est bien cela l'objectif de mon lointain voyage alors je réalise que je devrai à l'avenir me contenter de ce que j'ai, de protéger de nouvelles personnes à qui je me lierai.

« Hé...Pleure pas, je suis pas encore mort. »

Elle fait soudainement volte-face alors que j'entends quelqu'un s'approcher de nous, je tente de me relever, je suis prêt pour me battre de nouveau mais la Ninja médecin me repousse au sol avec douceur, j'esquisse alors une petite grimace, mes côtes me font horriblement mal. Du coin de l'oeil je perçois alors Maku qui s'approche de nous, je me tiens le douloureusement le bras alors que l'Eisenin m'aide à redresser. Le Suna'jin me demande si ça va, j'hésite à répondre car je sais qu'avec mon état actuel je suis censé rentrer de suite au village et là, on risque de découvrir mon secret. J'effectue alors un bref mouvement de la tête et répond finalement :

« Je pète la forme boss' ...Vous devriez retourner auprès du capitaine d'unité, il a sans doute besoin de votre aide. »

Je suis sûr qu'il va contester parce qu'il ne veut pas que je combatte seul - il n'est pas improbable que des ennemis traînent encore dans le secteur - mais pour le rassurer je riposte avant qu'il n'ait le temps de me répondre quoique ce soit.

« Pour un véritable chef d'équipe la vie de ses hommes importe peu, seul l'objectif de la mission doit être accompli. Allez ne vous faites pas de souci, je vais rentrer au campement et attendre sagement que vous reveniez.
- Ca suffit ! Si tu continues comme ça tu vas vraiment mourir imbécile ! C'est vraiment ce que tu veux ? Laisser tes proches dans le deuil à cause d'un foutu problème de caractère ?
- Qui te dit que j'en ai, des proches ? »

Agacé je me relève avec quelques difficultés et m'accoude à un des arbre qui borde la zone de combat. Je constate les dégâts, deux corps inertes par terre, je ne peux regarder les cadavres de mes ennemis, je trouve ça assez dégradant pour un Shinobi. Après quelques minutes de réflexion je me décide enfin à reprendre la parole :

« Bon, vous avez gagné, je me plie à vos ordres...On fait quoi ? »

Mon adversaire vaincu, je repartais vérifier si Kazuko allait bien. Mais apparemment, je n’avais plus à m’inquiéter. L’Eiseinin à côté de lui m’indiqua qu’il était bien vivant. Mais il était à terre alors qu’il ne semblait souffrir d’aucune blessure apparente… ou du moins ses vêtements n’avaient pas rougi, cela m’avait mené à la conclusion qu’il ne semblait pas de coupures. Je n’avais par contre aucune idée s’il avait quelque chose de casser. Mais si cela se trouvait, il se trouvait juste à court de chakra. Mais voir le genin à terre, comme ça, me dérangeait. Je ne laissais rien paraitre, mais j’espérais qu’il ne lui arrive rien, j’avais promis de le rendre en bon état, quand même.

Lorsque je lui demandai s’il allait bien, il me répondit qu’il « pétait la forme ». Je souriais malgré moi : pour quelqu’un en forme, je trouvai sa position un peu contradictoire. Mais il ne semblait pas amoché, et c’était le principal. Mais le Kirijin enchaina de suite une autre parole :

« Pour un véritable chef d'équipe la vie de ses hommes importe peu, seul l'objectif de la mission doit être accompli. Allez ne vous faites pas de souci, je vais rentrer au campement et attendre sagement que vous reveniez. »

Ces paroles soulevèrent en moi des pensées négatives, et un peu de colère. Etait-il sérieux sur ce qu’il disait ? Mais je me refroidis peu après. Il n’avait pas dû avoir les mêmes moments durs que j’ai eus auparavant. Mais des souvenirs tristes m’envahissaient désormais. Des souvenirs datant de plus de six mois auparavant. Mais même la tête dans mes pensées, j’avais entendu la réponse de la kunoichi. Je préférai d’abord observer la scène. Je remarquai que la jeune femme avait les yeux rouges, et des traces de larmes sur le visage. Je serrai les dents. Pourquoi tout cela me rappelle ces souvenirs si durs… Je laissais échapper un léger soupir, mêlé au nom qui me venait à l’esprit : « Nariwen. » Je serrai mon poing, pourquoi fallait-il que je me rappelle de ces moments ? Pourtant, je savais la réponse : ce fut l’évènement qui m’avait fait travailler très dur. Et ce qui m’avait permit d’avoir mon objectif : protéger mes proches, et ma patrie.

« Bon, vous avez gagné, je me plie à vos ordres...On fait quoi ? »
« Retournons vers le campement, il faut que tu récupère. »

Nous avions de toute façon tous besoin d’un peu de repos. Tous ces évènements ont été très physiques pour moi. Et après d’avoir utilisé à la suite le Fuusajin et le Boufuu no Jutsu, j’avais aussi besoin de récupérer un peu de chakra, c’est que mes techniques sont assez gourmandes quand même…

« Kazuko, il faut que je t’explique un truc. Je ne te blâme pas pour ta vision des choses, les missions confiées sont toujours importantes. Mais dire que la vie d’autrui n’a pas d’importance, c’est un raisonnement à oublier. »

Tandis que je prononçais ces mots, les scènes de mon passés virevoltaient dans ma tête, tel des flocons soulevés par le vent. Mon clan, mes amis, mes équipiers et équipières, mes Senseis… Chacun d’entre eux avaient eu un rôle dans ma vie, et m’avaient permis de devenir ce que je suis aujourd’hui.

« Les ninjas sont censés réprimés leurs émotions, certes, mais cela veut-il dire que nous ne sommes que des instruments ? Non, nous sommes des êtres vivants, nous ressentons divers sentiments selon les personnes que l’on rencontre. Sans sentiment, nous serions des robots programmés à être sans cœur, sans pitié, et c’est cela le problème. Si un de tes amis est mort, vas-tu rester dans l’indifférence et ne montrer aucune compassion à ses proches et sa famille ? C’est idiot.
Il y a plus de six mois, j’ai perdue deux équipières. Et la fille que j’aimais. C’était douloureux, mais cela m’a permis de devenir plus fort. Lorsqu’on perd quelqu’un de précieux, on cherche à devenir plus fort pour que cela ne se reproduise pas, non ? Voilà à quoi servent les sentiments. A se jauger.
Donc si tu crois que les missions passent en priorité par rapport aux équipiers, tu te trompes. Car quand on perd quelqu’un, on peut finir perturbé par cette perte, tandis que si on rate une mission, cela demande juste un remaniement de stratégie, non ? Si tu veux devenir quelqu’un sur qui on peut compter, il va falloir savoir d’abord ce qui est vraiment important pour toi. »

Mes yeux fuyaient vers l’obscurité de la forêt, comme s’ils regardaient l’obscurité qui était en moi. Pour moi, protéger mes amis et ma famille, ainsi que ma patrie, était plus important que tout le reste. Tant que cela ne mettais pas en jeu leur vie, j’étais prêt à sacrifier mon objectif pour eux. Et parce que je ne veux pas connaitre la douleur de perdre quelqu’un d’autre, je sacrifierais ma vie pour les protéger, s’il le fallait. C’était ma détermination.

Le souffle coupé après avoir annoncé que je me résignais à obéir aux ordres sans discuter, je me dirige vers les deux Ninjas, je manque de trébucher car je suis encore trop faible pour tenir correctement sur mes deux jambes, l'Eisenin me retient en me tenant le bras, je me laisse faire docilement alors que mon chef d'équipe décide de rentrer au camp. Je hoche nonchalamment la tête et le suis accompagné de la Ninja médecin qui ne me lâche pas du regard, j'ai l'impression d'être un dangereux prisonnier que l'on accompagne à sa cellule. Nous marchons encore et encore, le vent froid nous fouette à tous le village et, à cet instant là, j'entends la voix du Shinobi du sable s'élever, elle résonne dans ma tête comme si j'étais encore dans les vapes. Il m'explique alors que je me trompe dans ma façon de voir les choses, je ne peux réprimer un grognement exprimant mon désaccord, ma vision du monde est telle que je la conçois avec tout ce que j'ai vécu, je ne l'ai jamais forcé à comprendre et à approuver mes paroles, je voudrais juste que pour une fois, l'on me laisse tranquille avec ces histoires.

Mon secret qui se cache au plus profond de mon coeur noirci par ce rituel, je ne laisserai jamais personne le voir et encore moins le découvrir. Personne ne doit être au courant que je suis l'assassin de ma soeur et encore moins, que je l'ai fait pour devenir un Shinobi. Seule elle aurait compris ma douleur et mon acte mais elle est partie avec mes émotions, j'ignore si c'est vraiment ce Fuijutusu qui a scellé mes sentiments ou alors est-ce la douleur elle-même qui est trop profonde encore pour que je puisse ressentir autre chose. Je reste silencieux au moment où nous arrivons au campement, nous sommes seuls pour le moment, j'en déduis que le combat qui a lieu au front n'est pas encore terminé, je pousse un long soupir, je vais devoir affronter la présence de Maku, je crains qu'il m'en veuille pour avoir prononcé des paroles abjectes. Alors que je suis prêt à me poser quelque part dans un coin, je l'entends m'adresser une nouvelle fois la parole et cette fois, il y en a pour un bon bout de temps.

L'Eisenin s'écroule de fatigue à mon plus grand malheur, je n'aurais pas d'échappatoire à son monologue mais soit, je me mets à l'écouter quand même, par respect. Son histoire me paraît bien triste et pourtant je suis incapable de ressentir de la compassion, il a perdu deux coéquipières dont la fille qu'il aimait...L'amour, quel sentiment abstrait. Pourquoi est-ce que les gens sont-ils toujours en quête d'affection ? Le pouvoir ne leur suffit-il pas ? Je fronce les sourcils, j'ai du mal à comprendre son raisonnement mais bon, je l'accepte tout de même, je suis une personne assez tolérante malgré les apparences. Je ne réponds pas tout de suite, je réfléchis juste et repense à mon propre passé, à ce que les gens m'ont appris et les leçons que j'en ai tiré. J'esquisse un faible sourire loin d'être franc, les yeux tourné vers le ciel, je me rappelle d'une journée assez particulière où j'ai rencontré un Shinobi assez spécial lui aussi.

« Vous parlez comme un Ninja d'Ame que j'ai rencontré il y a quelques semaines. Il m'a dit qu'il trouvait l'affection comme étant quelque chose d'irrationnel et pourtant que c'était la raison de sa force. Lui aussi voulait protéger ses camarades, ses amis...D'après lui cette guerre elle-même n'a aucun sens parce que ce n'est pas la sienne, il n'a rien à gagner en combattant. »

Hôtobi Shintô, un garçon plutôt étrange, j'ai toujours pensé que les Ninjas venus de la pluie étaient des gens antipathiques devenus aigris parce que les grandes nations leur avaient tout enlevé. Lui c'était différent, il aimait vraiment son village et ses camarades, il était plus jeune que moi et pourtant bien plus fort.

« Maku-san ? Pensez-vous qu'un homme peut perdre totalement ses sentiments ? Je...Depuis que j'ai perdu ma soeur je crois bien qu'il n'existe rien au monde qui pourrait me redonner goût à la vie. Je ne sais même pas pourquoi je me bats...»

Ni même pourquoi je lui pose cette question, je me sens stupide tout à coup, c'est un Shinobi pas un psychologue. Alors que nous attendons tranquillement que l'unité en finisse avec les ennemis - car je suis convaincu de la victoire de nos alliés - n'ai-je pas mieux à faire que de l'interroger sur le sens de ma vie alors qu'il ne me connait même pas ? Je soupire, peut-être qu'ils ont raison à la fin, je n'ai pas vraiment de but précis dans ma vie, je suis incapable de définir mon Nindô alors que j'approche de mes dix-sept ans. Qu'ai-je à gagner dans ce monde tourmenté par le vice ? Je crois que je n'ai pas ma place ici, au sein de ce village et encore moins dans ce clan. Je tourne la tête pour éviter de croiser le regard du Ninja aux cheveux rouges, mes pupilles finissent par croiser celles de l'Eisenin, elle me sourit avant de se caler confortablement contre un des sacs de vivres. Alors comme ça elle ne dormait pas, elle a donc tout entendu.

Je saisir un kunaï dans ma poche d'un geste habile, je m'amuse à le faire tourner entre mes doigts en essayant de ne pas me blesser. Kami-sama, trouverais-je un jour quelque chose pour combler le vide qui occupe mon âme depuis plus de deux ans maintenant ? Pourrais-je un jour me pardonner de mes actes ? Je me mords la lèvre inférieure au moment où un soldat se dirige vers nous en courant. Couvert de sang, j'ai du mal à distinguer son bandeau frontal, il s'accoude à un arbre en haletant. Après avoir repris son souffle il s'époumone en criant comme s'il se trouvait à plusieurs kilomètres de nous :

« Nous avons besoin d'un Ninja médecin, c'est une urgence ! Le chef est blessé, on ne peut continuer à se battre sans ses ordres ! »

La Ninja médecin se lève en faisant un bond mais elle a encore du mal à mettre un pied devant l'autre. Elle est à court de chakra, si elle fait encore un quelconque effort elle va mettre sa vie en danger. J'ai envie de la retenir mais ma fierté m'en empêche, je ne dis rien et la laisse partir, dépité, j'ai la sensation d'avoir fait le mauvais choix...

Sur certaines paroles du Kirjin, j’avais failli perdre mon sang-froid. Entendre dire que la vie des coéquipiers avaient moins d’intérêt qu’une mission était pour moi une aberration. En tant que tacticien, quand quelque chose ne fonctionnait pas, on trouvait un plan de secours. Mais je m’étais ressaisi en pensant que tout le monde n’avait pas ce point de vue. En même temps, mon style de combat avait fait que l’entrainement à établir une stratégie efficace était obligatoire. J’étais devenu un stratège parce que c’était ma façon de combattre. Et dans le monde, les styles de combats se diversifiaient aisément. De plus, Kazuko devait être encore inexpérimenté concernant les batailles.

Quoi qu’il en soit, j’avais expliqué au jeune genin les raisons qui faisait que son raisonnement n’était pas le meilleur. Il avait un bon niveau, il me l’a démontré à de nombreuses reprises, mais en ayant un objectif, quelque chose à protéger, il avait moyen de devenir plus fort, c’était certain. Car ainsi, la colère que l’on pouvait ressentir pouvait être saine, objective et sans perte de sang-froid.

« Vous parlez comme un Ninja d'Ame que j'ai rencontré il y a quelques semaines. Il m'a dit qu'il trouvait l'affection comme étant quelque chose d'irrationnel et pourtant que c'était la raison de sa force. Lui aussi voulait protéger ses camarades, ses amis...D'après lui cette guerre elle-même n'a aucun sens parce que ce n'est pas la sienne, il n'a rien à gagner en combattant. »

Pour quelques raisons, ces derniers mots me firent repenser au seul ninja d’Ame que je connaissais : Hôtobi Shintô. Je me rappelais de ce jour où je l’ai rencontré, des choses que j’ai appris avec lui. J’avais surtout appris à ne plus faire de préjugé. Depuis sa rencontre, et surtout mon combat contre lui, je m’étais amélioré mentalement. Et j’avais désormais une dette envers lui. Ma cicatrice au niveau de ma côte droite me le rappelle chaque jour.
En tout cas, si c’était bien lui qui avait prononcé ces mots, cela ne m’étonnerait pas. Quoi qu’il en soit, c’était plutôt bien dit. Mais quand à moi, je participais à cette guerre pour protéger ma patrie, et pour sauver Kumo. J’avais aussi une dette envers le Raikage Onizuka, lorsqu’il nous avait permis, à Yue et à moi, de se sauver pour alerter nos villages. Il nous avait épargné. Je ne l’oublierais jamais, bien qu’en même temps ce fût l’élément déclencheur de cette guerre.

« Maku-san ? Pensez-vous qu'un homme peut perdre totalement ses sentiments ? Je...Depuis que j'ai perdu ma soeur je crois bien qu'il n'existe rien au monde qui pourrait me redonner goût à la vie. Je ne sais même pas pourquoi je me bats...»

Je le regardai d’un air surpris. Ainsi donc il avait perdu quelqu’un lui aussi, qu’il devait aimer beaucoup. Je restai silencieux pendant une bonne minute, le temps d’y réfléchir. Serait-il possible que ce soit à cause de la période où Kiri était surnommé le Village de la Brume Sanglante ? Non, impossible, il est trop jeune. Puis après la période de réflexion, je lui répondis d’un vois calme :

« Je ne pense pas que ce soit possible. Tout être humain possède des sentiments, il est impossible de les annihiler. Si tu crois les avoir perdu, prends le temps de sonder ton cœur. Il y a dû avoir un moment qui a été dur émotionnellement parlant, sûrement depuis la mort de ta sœur, qui fait que ton cœur est un peu perdu. Je pense que cela ainsi que ta désorientation sur la raison de combattre pour toi sont liés. Lorsque tu auras retrouvé une raison de te battre – qui peut être protéger tes amis, ou protéger ton clan ou ton village, ou bien même honorer les souvenirs de ta sœur, cela peut être aussi une raison – tu retrouveras ces sentiments. »

Je fini par lui sourire, de compassion principalement. Je n’avais encore jamais rencontré de personne comme ça, mais selon ma logique, ce que je venais de dire devait être une bonne solution. Puis je fini par regarder le ciel. Malgré la brume toujours présente dans ces bois, je la distinguais. Malheureusement, le soleil n’était pas au rendez-vous, contrairement aux nuages. Mais ma contemplation ne finit par durer que peu de temps. Un shinobi de l’équipe de Teijo arriva pour nous prévenir que le capitaine était blessé. Mon sang ne fit qu’un tour. Ils avaient réussis à l’avoir ? Ces ennemis étaient coriaces. L’eiseinin se leva en sursaut pour aller aider, mais elle chancelait encore d’épuisement. Je décidai d’aider aussi à protéger les autres.

« Kazuko, tu… Suis-moi, mais reste en retrait, sans t’éloigner de moi. Je me dois de les protéger. »

Puis le ninja, pas en très grande forme non plus, mais capable de tenir debout quand même, nous guida jusqu’à lui. Ils avaient apparemment fui pour s’occuper de leur chef. Les ninjas encore vivant faisait le gué, et l’eiseinin s’approcha du capitaine. Ce que je fit aussi peu après.

« Teijo-san ! »
« Tiens, vous revoilà Morichi-san. Désolé de me montrer dans un tel état. Ils sont coriaces en face… » dit-il avec une voix tremblante, montrant à quel point il était mal.
« Toujours aussi fier. Mais gardez-vos forces. »

Je regardai l’eiseinin se mettre au travail. Elle suait beaucoup. Je compris pourquoi : elle ne voulait pas montrer qu’elle n’était pas dans sa meilleure forme, elle aussi. Mais son regarde montrait de la détermination.

« Vous allez bien ? Ca va aller ? »

La jeune femme me regarda un instant avant de répondre.

« Ca va aller… Mais… Je n’ai plus beaucoup de chakra… Mais je veux sauver le capitaine, je ne veux plus voir de compagnon mourir. »

Sur ces paroles, le déclic vint sans que je n’aie à y penser. Je voulais aussi sauver Teijo, mais avec mon manque d’entrainement dans ce domaine, je ne le pouvais pas. Cependant, je connaissais les bases. Cela allait certainement servir.

« Attendez, je connais les bases du ninjutsu médical. Je peux vous fournir une quantité constante de chakra. Est-ce que cela aiderait ? »
« Euh… oui. Posez-vos mains sur les miennes, cela devrait faire l’affaire. » dit-elle après un petit instant de réflexion.

Je me mis alors en place, me concentrait alors et malaxait mon chakra le mieux possible. Cela allait certainement être plus facile que tout faire soi-même, et ce que m’avait appris Kanamishi suffirait largement. Je mis ensuite mes mains sur celles de l’eiseinin, puis envoya mon chakra vers mes mains continuellement. Je voulais sauver Teijo… en espérant que les ennemis ne nous trouverons pas d’ici-là…

Je veux en finir avec tout ça, cette phrase m'est souvent venue à l'esprit depuis ma naissance et pourtant je n'ai jamais eu le courage d'y parvenir, ni la force d'ailleurs. J'ai toujours tous misé sur Izue mais depuis qu'elle n'est plus là, je suis conscient que je dois affronter mon destin seul puisque je suis privé de la quasi totalité de mes sentiments. La seule chose que je peux encore ressentir au fond de mon coeur, c'est ma haine, c'est elle après tout qui m'a forcé à en arriver là où j'en suis. Mon regard est vide, dans ce genre de situation j'ai l'impression de n'être qu'une coquille vide à la recherche d'un but, mais qui dont me l'apportera ? Je sens quelque chose peser sur moi, est-ce Maku qui me fixe si intensément que je m'en trouve mal à l'aise ? Ce qu'il ressent, j'ai du mal à savoir si c'est de l'incompréhension ou autre chose, il est vrai que je suis une personne peu ordinaire désormais. Il me dit de sonder mon coeur pour retrouver mes émotions, qu'elles me sont essentielles pour continuer à me battre. Je baisse les yeux à l'entente de sa dernière phrase, il ne me reste rien à protéger, ma vie est telle un trou noir où j'avance à l'aveuglette.

Il esquisse un sourire de compassion avant de regarder le ciel embrumé à son tour, je me demande pourquoi les Hommes réagissent comme ça, pourquoi est-ce qu'ils cherchent tous à s'entraider. Je reste muet face à ses conseils, comme si aucun son n'arrivait à sortir de ma bouche. De plus, l'annonce du Ninja couvert de sang me laisse perplexe, est-ce que nous sommes en mauvaise position sur notre propre terrain ? Je regarde Maku en espérant qu'il prenne les devants, je n'ai pas pu réagir et empêcher la jeune femme de partir, j'espère qu'il rattrapera mon mutisme. Elle part, je reste assis, mon chef d'équipe se lève et commence à la suivre discrètement. Il me fait signe de venir, je m'approche à mon tour, mes jambes tremblent...Je ne veux pas les aider, mon cerveau m'ordonne de ne pas bouger! Ce que je fais est tout sauf rationnel, mettre ma vie en danger pour d'autres personnes, j'en rirais presque.

Malgré ça, mon corps agit tout seul, je suis les ordres tel un automate alors que mon cerveau me supplie de revenir sur mes pas. Mes yeux ne quittent pas la jeune Ninja médecin qui a pris la tête du peloton avec le Shinobi amoché, je ne sais pas pourquoi je fais ça...Est-ce parce que je retrouve le caractère de ma petite soeur en elle ? Mon coeur se serre comme si mes battements devenaient de plus en plus rapprochés, si elle est l'incarnation d'Izue alors...Je ne peux pas la laisser mourir. Nous trouvons le commandant de l'unité en sale état non loin du campement, il arrive apparemment toujours à parler et ne souffre que de blessures "superficielles", il ne mourra pas avec ça, me voilà rassuré. Je pousse un soupir, au moins nous ne perdrons pas cette bataille si toutefois il peut reprendre du service dès sa remise sur pied. Je les regarde faire, je me sens inutile ici tandis que le Suna'jin aide la jeune femme à soigner le dénommé Teijo. Ce dernier semble enthousiaste au point de balancer quelques blagues pour dissimuler sa douleur au moment où la main de l'Eisenin vient frôler sa plaie.

« Commandant ! Le secteur Ouest a besoin d'aide, les adversaires sont trop tenaces, nous avons déjà perdu 3 soldats et l'état du reste de l'unité est critique, ils ne tiendront plus très longtemps, quel est votre plan ? »

Je pense alors à ce que m'a dit mon propre chef quelques minutes auparavant, mon regard se place alors sur le commandant qui semble hésiter. Que va-t-il choisir ? Préserver la vie de ses précieux compagnons et battre en retraite au risque de perdre un terrain conséquent ou alors les faire se battre jusqu'à la mort en attendant les renforts. Teijo, cet homme est connu parmi les nôtres pour être un excellent stratège qui a toujours su minimiser les pertes tout en gagnant la bataille, mais aujourd'hui c'est soit l'un, soit l'autre. A l'époque de la brume sanglante, nous pensions que la témérité était la clé de la victoire...toutes les familles de notre patrie est touchée encore maintenant par cette mentalité, il serait donc logique de Teijo choisisse de sacrifier ses hommes mais le temps passe et le commandant n'offre pas de réponse concrète. C'est alors que la jeune fille cesse de soigner la blessure de son supérieur, elle se lève et fiche presque instantanément le camp.

« Je...Je vais soigner tous les blessés du secteur Ouest ! Ne vous inquiétez pas pour moi ! »

Quelle idiote, et c'est elle qui me disait avant de faire attention à ma peau...Tss ! Je regrette presque d'avoir été influencé par elle précédemment. Néanmoins elle reste notre alliée, j'ai moi aussi une décision difficile à prendre maintenant. Je me tourne vers mon chef d'équipe, mon regard se plonge dans celui de Maku, je sais ce qu'il prévoit de faire mais je veux juste en avoir le coeur net.

« Vous allez la sauver...N'est-ce pas ? Maku-san. »

Ou alors peut-être que je divague, peut-être qu'en fin de compte c'est moi qui ne veut pas la laisser toute seule...Mais pourquoi aurais-je un tel sentiment de culpabilisation alors qu'il y a dix minutes je ne voulais pas risquer ma vie en sortant en dehors du périmètre du campement. Je louche sur Teijo qui chuchote quelque chose à l'oreille du Ninja amoché qui est venu nous chercher tout à l'heure, ce dernier hoche la tête au moment où le commandant essaie tant bien que mal de se relever, on ne refera pas un homme digne et fier. Le haut gradé place alors ses mains sur ses hanches, il se tourne vers Maku comme s'il attendait aussi une réponse de sa part, le reste de la bataille dépend de celui qui a réussi à me faire embarquer dans cette aventure.

Suite à la nouvelle de la blessure de Teijo, nous nous étions déplacés jusqu’à lui. Mais par chance, il n’était pas blessé trop gravement, juste assez pour être « out » dirons-nous. Evidemment, l’eiseinin s’était précipité sur lui pour le soigner, et il a fallu mon aide pour qu’elle ne s’évanouisse pas. Elle avait dû enchainer des soins auparavant, et commençait à manquer de chakra. Mais pendant que j’aidais à soigner le capitaine, mon cerveau réfléchissait. Depuis le combat contre les sept ninjas plus tôt dans la journée, il n’a pas cessé d’en ‘pleuvoir’. Il n’y avait qu’une seule possibilité : que l’éclaireur que j’ai eu faisait des rapports réguliers. C’était bien vu, au cas où un groupe se faisait décimer…

Puis après l’annonce d’un ninja concernant ceux encore au combat, une mauvaise nouvelle évidemment, histoire que cela continue – mais ce qui ne m’étonnait pas. Mais Teijo hésitait sur la procédure à suivre, ce qui ne m’étonna pas non plus. Difficile de décider d’abandonner nos compagnons ou pas. Mais ce qui se passa après me surpris : l’eiseinin avait décidé d’aller aider ses compagnons. J’hallucinais… On lui avait appris quoi, à celle-là ? Serrant les dents, je me remis debout. Pas le choix, j’allais décider moi-même de ce qui allait se passer après. En tout cas, après la phrase du kirijin, je n’avais plus qu’une chose en tête. J’allais éviter que cette jeune femme ne meure.

« Kazuko, reste ici avec ceux qui sont présents. Teijo te donnera les explications pour sécuriser le camp un minimum. Je vous la renverrai rapidement. Je reviendrais… un peu plus tard. »

Si je pouvais sauver certains ninjas aussi, ça pourrait aider. Tous ces combats usaient de notre énergie et de notre chakra, si je ne me reposais pas suffisamment, je risquai d’en être à court. Ce massacre devait s’arrêter. Je partais donc à la poursuite de la jeune femme. Je devais vite la rattraper. Et histoire de ne pas me perdre en chemin, j’avais demandé à Atoichi, qui était resté pas loin depuis ce temps, plutôt discret, de me guider.J’avais finalement réussi à la rejoindre en chemin, mais malgré mes appels et mes ordres pour s’arrêter, elle n’en fit rien. Agacé, je sorti un kunai et visa devant elle. Le projectile passa devant elle et l’eiseinin s’arrêta alors.

« A quoi vous jouez ? » me criait-elle, légèrement furieuse.
« C’est plutôt moi qui devrait poser cette question. » répondis-je avec calme. « Vous êtes à court de chakra et vous voulez soigner d’autres alliés ? Vous êtes folle !
- Je ne peux pas… je ne veux pas voir d’autres camarades mourir… Je suis prête à me sacrifier pour les sauver !
- On vous apprend quoi… vous vous servez de votre tête ? »

J’avais haussé le ton sur ma question. Est-ce qu’elle connaissait le rôle d’un ninja-médecin dans son intégralité ? J’en avais des doutes. Elle, se sacrifier ? C’était une idiote. En tout cas, à la suite de mon interrogation, elle ne disait rien, baissant légèrement la tête. Je soupirai alors et décida de lui expliquer quelque chose.

« Si vous faîtes ça, vous allez mourir, c’est certain. Et qui sait ce qui se passera après ? Parce que vous serez morte, des blessés ne pourront avoir les soins qu’ils auront besoins, et il y aura peut-être plus de victimes que prévu !
- Peut-être mais…
- Je comprends votre envie de sauver le plus de monde possible, mais une eiseinin ne doit pas mourir ainsi. Vous êtes un rôle-clé dans une équipe, sans vous, les ninjas-médecins, il y aurait plus de mort qu’il devrait en avoir et nous aurons échoués sur plus de missions. Je vous ordonne de retourner au camp et de récupérer votre chakra. Je ramènerais le plus de survivants possible, blessés ou non, et vous pourrez vous occuper d’eux quand vous vous serez reposé. Est-ce que cela vous va ? De toute façon, vous risquez de me gêner si vous venez avec moi. »

L’eiseinin pris quelques instants pour réfléchir. Je savais que c’est dur de perdre des camarades, j’en avais perdu aussi, je savais que c’était douloureux. Mais c’est la vie d’un ninja, et c’est encore plus vrai lors d’une guerre. Et puis… j’avais promis à Kazuko de la ramener vivante. C’était la meilleure solution. Je devais aider les ninjas du secteur ouest, et essayer d’en ramener le plus possible vivants.

« Très bien, je rentre au camp. Revenez vivant, s’il vous plait, je m’en voudrais sinon. »

J’eus un rictus et acquiesçai. Si je ne pensais pas pouvoir rentrer vivant, j’aurai opté surtout pour la fuite. Je suis un stratège, je n’étais pas si bête au point de mettre en jeu ma vie. En tout cas la situation exige surtout que je sois vivant, donc bon. L’eiseinin fit demi-tour, mais avant qu’elle reparte, je prononçai quelques mots :

« Ecoutez, si j’ai dis ça, ce n’est pas que pour vous. Kazuko semble tenir à vous, il a déjà perdu sa sœur, il en souffrirait s’il perd encore quelqu’un à qui il tient. Prenez soin de lui. »

Elle semblait un peu surprise, mais elle fini par acquiescer. Puis nous reprîmes chacun notre chemin. Je repensais aux paroles de Kazuko. Peut-être que cette jeune femme serait le déclic qui aiderait au jeune Kirijin de retrouver son nindo. Mais mes pensées furent interrompu par Atoichi qui me prévenait qu’il sentait plusieurs chakras pas très loin. Cela devait être eux. Je me précipitais vers le champ de bataille, et quand j’y arrivai, je vis déjà les dégâts : on avait déjà perdu une demi-douzaine de nos hommes. Mais le résultat était à peu près le même pour le camp ennemi. J’hurlai alors à mes alliés de venir derrière moi. Ils s’exécutèrent assez rapidement, et les ennemis se rassemblèrent en arc de cercle devant moi.

« Un seul homme en renfort ? C’est la fin pour vous dîtes-moi ! » railla de suite l’un des adversaires. Une tentative commune de déstabilisation. Cela ne marchera pas.
« Cette bataille s’arrêtera ici. J’en fais le serment. » dis-je simplement, ce qui n’empêcha pas les adversaires d’être agacés et de me provoquer.
Mais j’avais entamé une combinaison de mudras, et voyant cela, les ennemis attaquèrent. Il étaient à mi-chemin quand je réalisa le dernier mudra.

« Fuuton… Boufuu no Jutsu ! »

L'ambiance plombée qui règne au sein de notre petit groupe disparaît au moment où l'Eisenin décide de quitter sans raison apparente - sauf celle de sauver ses camarades - le secteur sécurisé à la grande surprise générale. Je reste calme contrairement aux autres qui s'affolent et remettent en question son rang hiérarchique. J'attends tranquillement les ordres de mon chef d'équipe, je suis conscient qu'en tant que Genin je suis un poids pour chacun des hommes présents ici, je me doute bien que je ne vais pas pouvoir repartir de sitôt me battre, après tout Maku arrive toujours au moment où j'atteins mes limites. Lorsque le Suna'jin prend enfin la parole et décide de partir à la recherche de notre équipière en m'ordonnant de rester avec le chef de l'autre unité, je réponds d'un simple grognement avant de me laisser tomber contre un tronc d'arbre assez solide pour supporter mon poids. Je pousse un long soupir, je me sens tellement inutile ici...Un peu comme partout d'ailleurs.

Je regarde les autres s'agiter pour diverses raisons, peu à peu les commandants des escadrons regagnent leur position initiale et je me retrouve avec le dénommé Teijo ainsi que ses deux sbires. Tous trois se lancent alors dans une conversation où je n'ai pas ma place, je décide alors de me lever et d'aller faire un tour en prétextant devoir aller vider ma vessie. Je sais que je m'expose volontairement au danger mais je ne peux me résoudre à rester assis sans rien faire alors que les monts brumeux grouillent d'ennemis plus puissants les uns que les autres. Mais à peine ai-je fait quelques pas vers le nord que j'entends quelques craquements de branches, cet ennemi n'est pas très discret ! Je me faufile derrière un rocher et attend que la personne avance pour que je puisse la prendre par surprise. Sans réfléchir, je fonce alors que je n'ai vu que son ombre, je saisis un kunaï et lui place sous la gorge avant de prendre conscience de mon erreur.

« Ah c'est toi...Je t'ai pris pour un Ninja de l'alliance des ténèbres. La prochaine fois évite de baisser ta garde comme ça, même un Genin comme moi aurait l'occasion de... »

Et je n'ai même pas le temps de terminer ma phrase car elle m'interrompt en me donnant une claque monumentale. Je n'ai pas besoin de regarder mon reflet dans un miroir ou dans de l'eau, je sais déjà que ma joue habituellement blafarde est proche d'une teinte rosée. Je me tais soudainement, j'attends qu'elle dise quelque chose ou qu'elle déguerpisse, c'est inacceptable qu'une fille me frappe sans raison, je suis son allié quand même ! Je l'ai même protégée tout à l'heure ! Comment ose-t-elle ? Elle s'apprête à partir sans se retourner pour me donner des explications mais je la retiens par la manche, je remarque alors qu'elle pleure comme avant, décidément les femmes ne sont pas faites pour le rude métier de Ninja.

« Comment peux-tu parler aussi froidement de la mort ?! Maku me l'a dit, tu as perdu des gens qui te sont chers...Alors pourquoi est-ce que tu ne comprends pas ?
- Là n'est pas la question. Crois-tu que mettre ta vie en danger et te sacrifier pour des défunts les fera revenir ? Réfléchis un peu. »

Malgré tout, je reste impassible alors que les larmes roulent abondamment sur ses joues rosies par le froid, elle finit par s'en aller en se retenant de hurler pour ne pas attirer les ennemis. En attendant moi je suis tout seul et il commence à pleuvoir, j'ai encore l'estomac vide et je ne suis visiblement pas prêt d'avaler quelque chose. Il ne me reste plus qu'à voir si je trouve des baies comestibles dans le coin, ça ne doit pas être impossible à dénicher dans cet endroit où la flore était reine des lieux avant que nous, Shinobis, décidons de nous servir de ces terres pour mener nos batailles. Je m'éloigne peu à peu de la zone de sécurité au point de rencontrer l'un des stratèges de notre groupe, il ne m'a pas remarqué. Je prends mes distances, il a l'air de méditer ou plutôt de transmettre un message par télépathie, sans doute un don héréditaire...Je me demande s'il peut intervenir dans les pensées de mon supérieur pour lui demander comment se déroule le combat. Je m'approche un peu et demande :

« Euh...Excusez moi... »

Je le vois se lever en panique et quitter les lieux à une vitesse ahurissante, je me rends compte qu'il a oublié ses notes par terre. Je les ramasse et commence à lire, une fois la lecture achevée je suis complètement horrifié par ses propos, cet homme est un agent double, il faut que je prévienne Teijo que toutes les batailles sont inutiles tant que ce type connait nos plans, il les livres à chaque fois à l'ennemi et pire, il envoie les troupes là où nous sommes susceptibles de perdre ! Je dois me dépêcher avant qu'il n'appelle quelqu'un pour m'éliminer et pourtant, j'ai l'impression que c'est déjà trop tard. Je cours avec son carnet de bord dans la main gauche, je regarde de temps en temps en arrière pour voir si je ne suis pas suivi et puis, alors que je suis presque dans le périmètre sécurisé, je trébuche sur une grosse racine, provocant un énorme fracas. Je me relève avec aisance mais je sens une force m'attirer vers l'arrière.

« Tu ne pensais quand même pas que j'allais te laisser partir avertir Teijo alors que mon plan est sur le point de porter ses fruits ?
- Vous n'êtes qu'un traître, vous devez mourir ! »

Il relâche son emprise au moment où je lui assène un coup de coude dans les côtes avant de fuir à toute vitesse en espérant que cela suffise pour qu'il ne puisse par me rattraper. Malheureusement je crois que c'est vain effort, il est beaucoup plus rapide et agile que moi...C'est bientôt la fin. Une voix m'interpelle alors au loin :

« Pourquoi est-ce que tu cours crétin ?
- Je...Je t'expliquerai plus tard ! Attrape ce carnet et donne le à Teijo en disant qu'il y a un ou des traîtres parmi nous. Je vais le retenir. »

Je lui lance le carnet de toutes mes forces et elle l'attrape en plein vol, je suis assez satisfait qu'elle ne m'ait pas demandé d'explications. Je fais volte-face et donne un coup de poing qui passe dans le vent, je me mords la lèvre inférieure : je vais faire de mon mieux pour ne pas tous les décevoir !

Je respirais longuement, tentant de récupérer mon souffle. Tu parles d’une journée de repos ! J’en demanderai une autre plus tard, ce n’est pas important. Nos ennemis savaient à qui ils avaient à faire, et les combats restaient difficiles. Avec le Boufuu no Jutsu, j’avais pensé pourtant gagner par surprise, mais ils y étaient préparés, contrairement aux précédents. Y avait-il un observateur ennemi qui prenait des notes sur les effectifs présents ? Pourtant, Atoichi m’avait certifié n’avoir ressenti aucun chakra inconnu et n’avoir vu personne…

Je fus d’un coup pris d’un spasme et crachota, désormais à quatre pattes, vers le sol. L’un des ninjas présents vint alors.
« Morichi-san ! Vous allez bien ?
- Ça… ça va. »
Je me remis assis et respira tranquillement en fermant les yeux. J’avais utilisé trop de chakra. Déjà que j’en avais entamé à cause des précédents combats, utiliser le Boufuu, plus deux Fuusajin, et quelques petites techniques par-ci par-là, ça commence à devenir trop juste. Heureusement que les ninjas m’avaient écoutés attentivement, sans leur coopération, je n’aurai pas pu les battre. Je rouvris les yeux et vis une main, avec une petite boule marron/noir. Une pilule militaire ?

« Prenez-le, s’il vous plait.
- Non, non, ça ira.
- Vous êtes l’émissaire de Suna, et un grand stratège, si nous vous perdons, les relations entre Kiri et Suna pourraient s’aggraver ! Et puis, sans vous, nous serions morts. Prenez-le comme comme un remerciement de notre part. »

Je soupirai et pris le petit médicament dans ma main, vu qu’il insistait… Mais je ne l’avalai pas tout de suite. Je me relevai doucement et demanda le nom de mon interlocuteur.

« Oseki. Hiroshi Oseki.
- Ravi de vous rencontrer. Mais dîtes-moi, quand je vous ai quitté tout à l’heure, vous n’étiez pas si loin, non ?
- C’est exact, on s’est replié un peu. Hamada-san connait bien les lieux, il disait qu’ici, on arriverait mieux à les battre. Mais je dois dire qu’il aurait pu argumenter un peu plus son idée. Le pire, c’est qu’il y a eu du renfort en face, donc on a eu encore plus de mal… Enfin pas beaucoup, mais assez pour mettre Teijo-san hors d’état.
- Et où est-il ?
- Euh… bonne question en fait. » répondit-il en regardant les environs. « Il est parti s’écarter du combat le temps du combat le temps de récupérer les ordres du QG. Mais il ne semble pas être revenu. Il s’est peut-être fait tuer…
- Il est parti sans escorte ?
- Exact. Je l’ai trouvé distrait aujourd’hui. Il fait toujours attention aux alentours d’habitude, mais il a déjà manqué de se faire tuer.
- Distrait ? Vous ne sauriez pas pourquoi ?
- Je crois qu’il vous admire. C’est un tacticien lui aussi, après tout. Après le premier combat, il a pris des notes. Et je me souviens qu’il vous observait. Mais bon, depuis la guerre, il prend des notes de nos actions. Il voudrait en faire un livre apparemment.
- Il… prenait des notes ? » répétais-je, commençant à me sentir mal.
« Ouais, il participait aux décisions de Teijo-san, puis notait le tout. Et je pense qu’il envoyait le tout à un de ses amis écrivains, histoire que tout soit bien gardé quelque part si jamais il perdait son carnet.
- Il les envoyait ?
- C’est son don héréditaire. Il communique ses pensées par télépathie. »

Il y eu comme un éclair dans ma tête et une sueur froide dans mon dos. Ces ennemis qui n’étaient pas surpris par ma meilleure technique, et qui en plus arrivaient régulièrement vers nous, ce tacticien parti et qui pouvait communiquer avec quelqu’un de très loin, instantanément, ses notes… Je venais de comprendre quelque chose. Ce n’était pas possible. Ce. N’était. Pas. Possible ! Et pourtant, c’était une hypothèse trop grosse pour ne pas être prise en compte. S’il suivait nos plans, et les communiquer, alors nous finirons par perdre, à cause de la fatigue. En plus, il y avait Teijo et moi dans le groupe, ça ne pouvait qu’être une belle opportunité de capturer deux grands pions adverses.
Teijo ! Oh non, s’il communiquait la position du camp… Kazuko… et l’eiseinin…

« Tout le monde direction le camp ! Aider les blessés ! Brûlez les cadavres ! Mais que tout le monde se dépêche de retourner au camp ! » hurlais-je aux ninjas présents.

Puis sans y penser deux fois, je pris la pilule donné par Oseki, demanda à se dernier de me suivre, et parti sans tarder. Puis sentant Atoichi nous suivre, je lui demandai de m’emmener vers lui dès qu’il sentait son chakra. Je devais les sauver. Il faut que je les sauve ! Inquiet à mort, je me répétais le même nom jusqu’à le hurler, comme un cri de désespoir :

« KAZUKO ! »

Il m'a pris par le cou, je ne peux plus respirer normalement..Si seulement, quelqu'un pouvait me libérer de son emprise, juste le temps que je remette un peu en état de combattre, même si je n'ai plus beaucoup de chakra, même si je suis un aspirant, je ne conçois pour rien au monde une défaite aussi humiliante que celle là. Je crache un filet de bave alors que je suffoque de plus en plus fréquemment, je crois bien que je vais y rester si personne n'intervient rapidement. Mes forces m'abandonnent peu à peu, mon cerveau commence à manquer d'oxygène...Argh ! Je suis incapable de voir ce qu'il se passe autour de moi, mon cortex visuel ne répond plus...C'est mauvais signe. J'entends alors quelqu'un m'appeler, qui est-ce ? Izue, est-ce que c'est la fin ? Est-ce que je vais enfin te rejoindre ? Non...C'est une voix d'homme que je crois ouïr, je sens la pression autour de mon cou se relâcher mais je ne suis toujours pas en état de me lever et me battre.

Au moins j'arrive maintenant à respirer, je prends des grandes bouffées d'air comme si j'avais peur que l'on me prive une nouvelle fois de ce besoin vital pour n'importe quel être dans ce bas-monde. Je retrouve la vue après quelques secondes qui semblent s'éterniser, je vois trouble mais j'arrive à distinguer les couleurs qui m'entourent, je réalise ainsi qu'un Shinobi aveugle a bien du courage de prétendre à se battre et pourtant, il y en a un certain nombre, des soldats qui défendent leur patrie alors qu'ils ont perdu la vue. Je pose ma main sur mon front et essaie de décrypter la situation qui m'entoure, je vois deux entités bouger assez rapidement mais je n'arrive pas à distinguer très exactement leur identité. L'une d'elle est probablement le sale type qui a essayé de me tuer...Quant à l'autre, est-ce mon sauveur ? Je ne saurais le dire pour l'instant mais cette crinière rouge, elle me rappelle vaguement quelque chose...

Mais bien sûr ! Pourquoi n'y ai-je pensé plus tôt ? La seule personne ici qui connait mon nom n'est autre que mon supérieur, le bras droit du Kazekage lui-même...Un certain Morichi Maku qui a gentiment accepter de m'emmener guerroyer alors qu'il semblerait que ce soit sa journée de repos. Je toussote encore un peu mais tout est clair maintenant dans mon esprit, je tente de me relever une première fois...En vain alors que les deux opposants redoublent d'efforts pour avoir raison de l'autre car ce n'est pas un combat amical mais bien un match à mort auquel j'assiste. Cette fois-ci, j'use de toutes mes forces pour me mettre debout, je chancelle un peu mais je parviens rapidement à récupérer mes sens, j'empoigne alors un kunaï dans ma main droite...Je ne veux pas être un boulet pour les autres, je vais aider le boss' à anéantir ce traître !

« Sur votre droite Maku-san ! »

Les deux hommes remarquent alors ma présence, je décide alors de me réfugier derrière un bosquet pour ne pas les déranger. J'analyse tant que je peux les mouvements de notre adversaire commun et parviens à déterminer approximativement son style de combat, je ne dois pas me tromper sinon je risque de toucher le Suna-jin' et je m'en voudrais sincèrement et puis cela signifierait certainement pour moi le blâme de mes confrères Ninjas. J'attache une dizaine d'explosifs à mon kunaï, je joue...Le tout pour le tout ! Je serre les dents et sort de ma cachette, si j'ai bien calculé il devrait maintenant se replier sur la gauche, je lance mon arme, le temps tourne au ralenti pour moi, je ferme les yeux...Je n'ose pas regarder le fruit de mon travail, une explosion retentit et m'indique que j'ai atteint une cible, reste à savoir laquelle.

Un énorme nuage de fumée mêlé à de la poussière se dirige alors vers moi, je suis propulsé trois mètres en arrière à cause de l'onde de choc. Je n'ai pas eu d'autres choix, en temps normal je pense que Maku n'aurait éprouvé aucune difficulté à terrasser cet homme mais il a plusieurs combats derrière lui à l'heure actuelle, il est épuisé et sa réserve de chakra n'est malheureusement pas infinie. J'essuie la sueur coulant sur mon front avant de prendre mon courage à deux mains pour me redresser et retourner sur la zone de combat. Je marche lentement, mon visage est encore plus livide qu'à l'accoutumée, une ombre se dessine face à moi, c'est l'heure de vérité ! Je la vois s'approcher de moi puis tomber au sol, je veux courir mais au même moment, une main puissante se pose sur mon épaule, je fais volte-face et soupire de soulagement.

« Teijo-san...Vous m'avez fait une de ces frayeurs.
- C'est du beau boulot tout ça, grâce à votre aide nous avons pu gagner cette bataille, nous sommes en position de force maintenant. L'alliance des ténèbres se replie sur le front Ouest, il faut que j'avertisse l'ambassadeur de Suna pour le remercier d'avoir coopéré. Où est-il d'ailleurs ? L'un de mes hommes m'a averti de son départ du champ de bataille principal mais il est introuvable...
- Ma-Maku-san...»

Je me précipite alors vers l'endroit où j'ai vu l'ombre s'effondrer dans la poussière, je croise d'abord le corps du traître que jonche au sol, sacrément amoché par l'explosion qui l'a touché en plein fouet : il a le thorax ouvert et la partie gauche de son visage semble calcinée. Je lui ferme tout de même les yeux, c'est un ennemi mais également un homme, un frère Shinobi qui a combattu pour ses idéaux, au fond ce n'était peut-être pas de sa faute. L'autre corps au sol ne peut qu'être Maku, je ne sais pas si l'explosion l'a touché...Je m'approche avec un air désolé mais je constate qu'il y a peut-être eu plus de peur que de mal. Il est un peu affecté mais il n'est probablement dans un état critique. Je me penche vers lui et tente de le prendre sur mon dos, je suis malheureusement trop faible pour soutenir son poids. Teijo arrive à son tour et m'aide à le porter, je sens son souffle sur ma peau, il respire, il a sûrement ouvert les yeux mais je ne me sens pas capable d'affronter son regard...Je sais que ce que j'ai fait est mal, j'ai mis sa vie en jeu pour l'intérêt de la mission...

Ma course vers le camp était rapide, j’utilisai les ressources que j’ai pu récupérer avec la pilule pour utiliser mon chakra afin d’aller le plus vite possible, au point que je laissais tout le monde derrière moi. Plutôt dangereux dans des moments pareils, mais je n’avais que faire, il n’y avait dans mon esprit qu’inquiétude et détermination. Si l’homme était vraiment un traitre, je devais vite retourner au camp pour éviter un désastre. Car si Kazuko mourrait, je n’imaginais même pas les conséquences que cela pouvait engendrer. Tout aurait été de ma faute, j’ai permis au jeune homme de déroger aux règles, c’était la fin des relations entre Suna et Kiri, et je risquai même mon rang… Rien que de penser à tout cela, j’en avais la gorge nouée.

Je finis par arriver bientôt au camp, quand Atoichi m’indiqua de tourner, ayant apparemment senti le chakra du Kirijin. Et quelques centaines de mètres plus loin, je vis deux silhouettes proches l’une de l’autre. Et plus je m’approchais, plus je vis nettement la scène : le ninja étranglait le jeune homme. J’hurlai alors le nom de mon protégé, ce qui détourna l’attention de l’autre ninja vers moi. Il finit même par lâcher Kazuko, qui s’effondrait par terre. Mais impossible de savoir sur le coup s’il était encore vivant. La haine s’emparait de moi en voyant le visage de l’autre homme : c’était bien un des nôtres. C’était bien un traitre.

« Vos actes s’arrêteront ici ! » hurlais-je.
« Vous ici… Comment l’avez-vous su ?
- On m’a parlé de vos actes, de vos prises de notes… J’en ai tout déduit.
-Argh, j’aurais dû tuer ce type ! Je le savais ! »

Il semblait furieux, d’avoir fait une telle erreur. Et il m’attaqua. J’avais brulé pas mal d’énergie avec tous ces combats. Même avec la pilule énergétique de tout à l’heure, ma réserve de chakra n’était pas haute. Surtout avec la course de tout à l’heure. Je préférais y aller au Taijutsu. L’ennemi en fit de même, et nous enchainions coup sur coup, contre sur contre. Je serrai les dents. Le combat aurait été simple si je n’étais pas si épuisé. J’en avais trop fait depuis le début de la journée, et même les pilules ne suffisent pas à palier cela. Là, plus le temps passait, plus les coups de mon adversaire étaient forts à cause de ma fatigue. Et je ne pu esquiver un uppercut qui m’envoya valser quelques mètres plus loin.

Un peu sonné, un filet de sang sortant de ma bouche, je tentais de reprendre mes esprits rapidement. Mais mon adversaire n’était plus devant moi. Sur la seconde qui suivit, j’entendis une voix disant :

« Sur votre droite Maku-san ! »

J’esquivai le coup de justesse. D’un regard, je vis Kazuko. Il était en vie ! Cette bonne nouvelle me redonna quelques ressources, tandis que mon adversaire semblait encore plus enragé. Et le combat repris. Je puisais dans mes dernières ressources, en espérant que le jeune Kirijin trouverait une idée pour m’aider… Et l’idée, je la vis quelques minutes plus tard : un kunai explosif, bien placé pour exploser près de l’adversaire. Ce n’était pas évident à faire vu qu’on bougeait dans tous les sens. Il avait donc anticipé le mouvement adverse ! Cependant, le kunai explosif n’était pas assez loin de moi. L’explosion eu lieu, et au même moment, je fis un bond en arrière en m’aidant de mon chakra. Mais l’ampleur de l’explosion fut énorme, et je ne pus éviter l’onde de choc, qui m’envoya violemment contre un arbre.

L’explosion terminée, je me relevai difficilement. J’étais complètement sonné. Ma tête était douloureuse, ma vue était brouillée. Je vis une silhouette. J’avançai vers elle. La poussière soulevée par l’explosion ne me faisait voir qu’une ombre. J’ai mal… Complètement épuisé, et sonné, je fini par perdre conscience et je m’écroulai.

Je repris conscience plus tard. Combien de temps ? Aucune idée. Je sentais qu’on me portait. J’avais mal partout. Tout était brouillé. Je voyais, devant moi, quelque chose de blanc. Des cheveux ? C’était Kazuko ? Je n’avais même plus la force de parler. Je sens qu’on me dépose par terre, j’entends quelque chose de brouillon, une autre silhouette arrivé… puis un instant plus tard, une chaleur douce. La lumière m’aveuglait… Etait-ce la Mort qui venait me chercher ? Je ne sais pas, mon esprit est confus. Puis, petit à petit, j’avais moins mal, ma vue était moins brouillée. Je reconnaissais cette silhouette…

« Nariwen… ? »

Ce nom franchit mes lèvres avant que je ne pus les retenir. Etait-ce elle ? Etait-ce celle que j’aimais ? Mon esprit était moins confus… Non. Nariwen est morte. Ce ne peut pas être elle. Je refermais les yeux. Mon cerveau redémarrait. Je me remémorais les derniers évènements. Tous ces combats… Kazuko ! D’un coup, je me redressai, mais une main me remis dans ma position initiale. Je vis l’eiseinin, ainsi que Teijo.

« Ou est Kazuko ?
- Il n’est pas loin. Il va bien. »

Je poussai un soupir de soulagement. Ainsi, c’était terminé. La bataille s’achevait logiquement ici. Ce que me confirmai le capitaine, et qui me remerciai de mon aide. Je ne répondis pas. Je n’étais pas en forme. Mais les forces me revenaient.

« Allez vous occuper des autres blessés, s’il vous plait.
- Non ! Vous n’êtes pas en état ! Je dois vous…
- La bataille est terminée, je récupèrerai en temps utile. » coupais-je. « Occupez-vous d’eux d’abord. »

Elle acquiesça et s’en alla. Teijo s’approcha alors.

« Tu es sûr que ça ira ?
- Si j’ai bien un point fort, c’est ma résistance physique… Innée dans mon clan.
- Tu m’étonnes, de la part de nomades. »

Je souriais. C’était la plus grosse bataille que j’avais livré jusqu’ici. Doucement, je me remis debout, et avança tranquillement vers Kazuko. Puis je m’assois à côté de lui.

« Merci, Kazuko. Tu m’as sauvé la vie. »

Je fermai les yeux, sentant la brise caresser mon visage. Quel doux vent. C’était vraiment ce que j’appréciais le plus… C’était ce qui me manquait depuis le début de la guerre.